L'influente Église catholique a critiqué jeudi le choix du nouveau chef de la commission chargée d'organiser les élections en République démocratique du Congo, à un peu plus d'un an de la prochaine présidentielle.
"L’Église catholique n'a pas voulu participer à cette parodie de désignation", a déclaré à l'AFP l'abbé Léonard Santedi, secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco).
Le président de la Commission nationale électorale indépendante (Céni) est désigné en RDC, un pays chrétien à près de 80%, par les représentants de ses différentes religions.
L’Église catholique, dont se revendiquent environ 40% des Congolais, voulait que ce choix se fasse "dans la vérité et la confiance mutuelle mais les sept autres confessions religieuses sont venues avec un nom en amont", a regretté l'abbé Santedi.
"Voyant que le jeu était fait et que l'histoire se répétait, comme lors de la désignation de notre frère (l'abbé) Malu-Malu", l’Église catholique "s'est retirée" des pourparlers, a-t-il ajouté, tout en s'interrogeant sur le choix des autres confessions.
Mercredi, celles-ci ont désigné "par consensus" Corneille Nangaa pour remplacer l'abbé Apollinaire Malu-Malu à la tête de la Céni, a indiqué Cheik Ali Mwinyi, chef de la communauté musulmane de RDC.
M. Nangaa occupe actuellement le poste de secrétaire exécutif national adjoint de la Céni où il y travaille depuis 2005.
Le 10 octobre, les autorités congolaises ont annoncé la démission de l'abbé Malu-Malu, malade et indisponible depuis plusieurs mois, de la présidence de la Céni, un organisme composé de membres représentatifs de diverses composantes de la population congolaise.
Pour Cheik Ali Mwinyi, le choix en faveur de M. Nangaa s'est basé sur le "critère technicité". Il va "continuer le travail que l'Abbé Malu-Malu a commencé".
L'abbé Malu-Malu était crédité d'avoir organisé, en 2006, les premières élections libres tenues en RDC depuis l'indépendance de 1960.
Alors conseiller du président Joseph Kabila, il avait été rappelé à la tête de la commission électorale en 2013 - contre la volonté de l’Église catholique qui défendait un candidat laïc - après le fiasco de la présidentielle et des législatives de 2011. Entachées des fraudes massives, ces élections ont conduit à la réélection de M. Kabila.
Depuis, le pays traverse une crise politique et aucun des scrutins qui devaient être organisés depuis lors ne s'est tenu.
M. Kabila dirige la RDC depuis 2001 et la Constitution lui interdit de se représenter en 2016. Mais l'opposition le soupçonne de manœuvrer pour se maintenir au pouvoir au-delà de son mandat qui s'achève en décembre 2016, quitte à retarder les élections.