Audience historique s’il en fut. Qui aurait cru que l’homme qui s’est toujours farouchementopposéà toute révision et même au référendum sur les dispositions constitutionnelles verrouillées, y compris celles relatives à la durée et au nombre de mandats du Président de la République qui expire définitivement le 19 décembre 2019,pouvait faire le déplacement du Palais de la nation où se trouve le Bureau de Mr Kabila lui-même ? Qui auraitégalement cru que dans un environnement politique malsain dominé par les assassinats politiques et les empoisonnements, le Prof André Mbata allait accepter de se rendre à son Palais?
Il aura certainement fallu plusieurs réunions du Bureau du Président pouraccepter de recevoir l’universitaire que d’aucuns font passer à tort ou à raison parmi les plus farouches opposants au régime de Mr Kabila pour avoir détruit lesthèsesfallacieuses de l’inanition de la nation défendues par son actuel Vice-Premier Ministre et Ministre de l’Intérieur ou son actuel Ministre chargé des relations avec le Parlement et Président-Fondateur de « Kabila Désir » qui rivalisaient d’ardeur flatteuse pour lui assurer une présidence à vie ou une monarchie présidentielle. De même, Prof André Mbata sera resté égal à lui-même en usant de son exceptionnel courage pour se rendre dans les bureaux-mêmes de celui à qui il a toujoursconseilléqu’« qu’il y a une vie après la présidence »comme il l’avait dit au Président Burkinabè Blaise Compaoré en octobre 2007.
Dans tous les cas, votre Journal est en mesure de confirmer que l’accueil du Prof Mbata au Palais de Nation a été relativement bon entre le visiteur et ses hôtes qui jouaient au chien et au chat et en raison du respect que les agents de la Présidence vouent au plus grand de nos constitutionnalistes même s’ils ne partagent pas toujours ses idées de changement et qui était là, non pas pour quémander l’argent ou un poste de responsabilité comme le font la plupart de nos intellectuels mais tout simplement pour convaincre Mr Kabila de contribuer au financement du Colloque international sur les 10 ans de la Constitutionadoptée par 85 % de notre peuple lors du référendumpopulaire des 18 et 19 décembre 2005. Cette Constitution avait été promulguéele 18 février 2006 par Mr Kabila qui a depuis lors plus d’une fois jurésolennellementdevant Dieu et la Nationde la respecter et de la défendre.
La délégation de cinq membres conduits pat le Prof André Mbata a dû attendre près de deux heures avant d’êtrereçue par le Conseiller politique principal à la présidence qui était assisté d’un de ses adjoints. Le Conseiller politique principal a promis de soumettre le dossier au Chef de l’Etat pour décision. La Nation et la communauté internationale attendentà présentcette décisionpour savoir si en refusant de financer le colloque, Mr Kabila va infirmer les intentions qui lui ont toujours été prêtées de vouloirtripatouiller la Constitution pour se maintenir indéfiniment au pouvoir ou s’il va par contre surprendre en donnant tort à ceux qui lui prêtent ces intentions à travers le financement du Colloque. Mr Kabila est ainsi placé devant un dilemme cornélien.
Ou bien ilécoute ses flatteurs et autres tambourinaires de son pouvoir et refuse de financer le colloque, démontrant par là son manque de considération pour la Constitution qu’il avait lui-mêmepromulguée, une constitution qu’il avaitjurésolennellement de respecter et de défendre, et qui faut de lui le Président de la République, ce qui donnera totalement raison à la Dynamique de l’Opposition, au G7 et au Front Citoyen 2016 qui a signé sa Charte ce même samedi 9 janvier 2016. Ou bien il surprend et démontre le contraire en décidant de financer le colloque international. Le Colloque devant se tenir dans environ un mois, le 18 février 2016, même un délai de plusieurs jours dans la transmission de la réponse définitive du Palais de la Nation sera interprété comme un refus.
Après la Présidence de la République, le Prof André Mbata va continuer sa croisade en contactant toutes les personnes qui ne se contentent pas des slogans et des déclarations tapageuses mais sont effectivement acquises à la Constitution et à l’Etat de droit démocratique en RDC.
En attendant, tous les regards restent tournés vers le Bureau de Mr Kabila mais de nombreuses personnes restent sceptiques et doutent qu’il donnera une réponse positive à la requête du Prof Mbata dont on connait l’intransigeance au sujet du respect de la Constitution que le président sortant serait déterminé à violer ou à contourner pour se maintenir au pouvoir jusqu’à ce que Le Seigneur revienne.
MIKE MUKEBAYI
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