On ne saurait tirer infiniment sur Matata Ponyo sans toucher l’inspirateur de la politique qu’il met en oeuvre, font remarquer nombre d’observateurs.
Tout ce qui est excessif s’avère insignifiant, voire nuisible. Devrions-nous appliquer cet adage à la dernière philippique du Président de la FEC et, par ailleurs PCA de la Gécamines contre le Premier ministre Matata ? La tentative de répondre par l’affirmative ne manquerait pas d’arguments. Tant le patron des patrons congolais a dressé un véritable réquisitoire contre l’action du Gouvernement congolais. Un discours uniquement à charge. A la manière d’un opposant ? Ce serait tout comme. Conséquence…logique de ce carton rouge ? Le bilan du Raïs s’en trouve déplumé. Premier ministre du Président Kabila depuis le début du quinquennat en cours, MatataPonyo est en fait chargé de mettre en œuvre la vision du Raïs. On ne peut donc pas "décrier " son action au terme de quatre ans sans remettre en cause le bilan de celui dont il décline la politique.
Le Premier ministre Augustin Matata Ponyo et le patron des patrons rd congolais, Albert Yuma, n’ont pas une même lecture du cadre macroéconomique en RD Congo. Si le Premier ministre se réjouit des résultats obtenus jusqu’ici, le Président de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), quant à lui, voit autrement les choses. Lorsqu’il présente le Rapport d’activités du Conseil d’administration 2016, mercredi le 26 mai finissant à l’Assemblée nationale, Albert Yuma sans mettre de gants, scanne l’action du Premier ministre.
Quand il évoque la relance de l’Economie nationale par financement monétaire et la nécessité de préservation de la stabilité du cadre macroéconomique, Albert Yuma ne cache pas son inquiétude. Selon lui, l’entrée frauduleuse des produits importés sur le territoire rd congolais, via le poste frontalier de " Lufu ", pourrait déboucher sur la déstabilisation de la macroéconomie. Parmi ces produits, le patron des patrons congolais cite le ciment gris. Pour que la RD Congo ne puisse pas se retrouver dans cette situation, Albert Yuma conseille au Gouvernement de recourir au financement monétaire pour relancer l’économie. Selon lui, cette stratégie a déjà fait ses preuves dans certains du monde. Notamment dans ceux d’Amérique latine.
Cependant, certains analystes balayent cette crainte du président de la Fec, qu’ils qualifient d’injustifiée. Dans leur argumentaire, ils indiquent que sur une unité de franc congolais injectée dans l’économie nationale, environ 0,7 est dirigée vers le marché de change. Ce, aux fins de la recherche des devises. " Cette situation tient à la structure de l’économie congolaise dont la dépendance des importations a été renforcée par la destruction du tissu industriel national au cours de la décennie 9 ", précisent-ils.
En ce qui concerne le cas des économies de certains pays d’Amérique latine évoqué par le numéro 1 de la Fec, les auteurs de l’analyse soulignent que cette recette n’avait jamais produit les résultats escomptés. " Ces pays ont eu à expérimenter le seigneuriage monétaire qu’ils avaient aussitôt abandonné au regard des dégâts sociaux causés ", renchérissent-ils.
Par ailleurs, les mêmes experts expliquent que les épisodes d’hyperinflation et d’hyper dépréciation monétaire subséquents s’étaient relevés économiquement et socialement dévastateurs. Qui plus est, bien de ces pays possédaient un tissu industriel assez solide. Ce qui est loin d’être le cas de la RDC dans sa configuration actuelle. " Tirant les leçons de l’expérience d’autres nations, un tel schéma est à la fois suicidaire pour le pays et paupérisant du peuple congolais ".
Dans le même Rapport, la Fec a indiqué que les taux d’inflation affichés par l’économie congolaise au cours de ces dernières années sont trop faibles pour permettre aux entreprises de réaliser des marges bénéficiaires supplémentaires. Ces allégations du patronat rd congolais étonnent certains experts. Sans trop vouloir créer une polémique infâme, ces spécialistes de la question fondent leur argumentation sur trois aspects. Le premier est que d’ordre historique et psychologique. Sur ce point précis, ils rappellent que le peuple congolais n’est pas prêt à revivre les affres des années 90.
Le second fait tient à la discipline budgétaire restaurée. Aussi, pensent-ils, qu’au-delà de l’austérité budgétaire, les faibles niveaux d’inflation actuels tiennent aux chocs positifs d’offre induits par les travaux d’infrastructures ayant permis de libérer une partie importante de la production jadis stockée dans l’arrière-pays. Puis, finalement, ils estiment qu’un entrepreneur non spéculateur a plutôt besoin d’une inflation faible et stable pour une meilleure lisibilité des évolutions économiques afin de mieux optimiser ses décisions d’investissement.
" La FEC ne devrait pas, par ailleurs, perdre de vue que le recours au financement monétaire est une pratique formellement interdite, à la fois par la loi n° 005/2002 du 07 mai 2002 relative à la constitution, à l’organisation et au fonctionnement de la Banque centrale du Congo et par celle relative aux finances publiques (LOFIP) ", rappellent-ils, avant de s’interroger sur les vraies motivations de la Fec à suggérer le recours à la planche à billet.
BUKANGA LONZO ET LE BATIMENT DU GOUVERNEMENT : DES ELEPHANTS BLANCS ?
Aucun secteur de l’économie nationale n’a échappé au crible de la critique de la Fec. Parlant de Congo Airways, Albert Yuma avait soutenu que l’utilisation faite des réserves de cette institution pour doter la compagnie d’aéronefs, aurait requérir l’accord préalable des bailleurs de fonds. Vu des observateurs, le président de la Fec n’est pas du tout d’accord avec cette société d’aviation née des centres d’Air-Zaïre des années Mobutu. C’est donc ici, l’occasion pour les mêmes observateurs de rappeler que les cotisations des travailleurs doivent être placées pour générer les ressources nécessaires à la prise des retraités des ayant-droits. " L’INSS dispose bien d’un Conseil d’Administration, organe d’orientations qui comprend en son sein un délégué de la FEC et d’un autre de l’intersyndicale. N’est ce pas que la FEC a bel et bien été associée à toutes les phases de décision ", s’interroge-t-on.
Toujours en ce qui concerne les actions du Premier ministre Augustin Matata Ponyo, le président de la Fec s’était également attaqué à la construction du Bâtiment du gouvernement. Selon lui, " l’argent qui servi à la réalisation de cet ouvrage devrait plutôt utilisé pour payer la dette intérieure. " Cependant, des experts notent que la construction de l’immeuble du gouvernement n’est pas exclusive du paiement de la dette publique intérieure. " Le gouvernement devrait-il demeurer un éternel locataire pendant que l’Etat possède encore quelques espaces aménageables ? " se demandent-ils. Dans certains milieux proches de la primature, on pense que l’attitude de la Fec, en tant que partenaire du gouvernement, serait plutôt de saluer l’amélioration des conditions de travail et le rapprochement des ministères qui permet de renforcer l’efficacité des services publics. Ce, pour l’intérêt des opérateurs économiques. Pas seulement. " Les économies réalisées sont aujourd’hui orientées vers des dépenses économiquement plus productives. La FEC devrait plutôt s’en réjouir ", soutient-on.
S’agissant du Parc agro-industriel (PAI) de Bukanga-Lonzo, Albert Yuma n’y va pas avec le dos de la cuillère. Selon lui, ce projet est un éléphant blanc ! Voilà qui heurte les sensibilités de plus d’un analyste qui pense que loin d’être projet isolé, Bukanga Lonzo est toute une stratégie agroindustrielle portée par le Chef de l’Etat dont la vision inscrit le pays dans une trajectoire de long terme pour ne pas le cantonner dans le court terme. " C’est dans cette optique que l’essaimage de ce modèle d’investissement agroindustriel sera enclenché déjà dès 2016. Le PAI de Bukanga-Lonzo est un projet pilote dont l’exécution se poursuit sans inquiétudes. Toutes ses phases déclinées en un chronogramme n’ont pas encore été réalisées pour donner le maximum d’impact socio-économique attendu du projet. Dans le cadre d’un système intégré de planification, Bukanga-Lonzo approvisionnera en produits alimentaires la plate-forme de distribution qu’est le marché international de Maluku ", explique-ton. La gestion de la BIAC est un autre sujet qui a été repris dans le Rapport d’activité 2015 de la Fec.

UNE REMISE EN CAUSE DU BILAN DE KABILA 

Sans conteste, le Rapport d’activités 2015 de la Fec, s’est décliné en termes de remise en cause de l’action du Premier ministre. Dans l’opinion, des voix s’élèvent pour concéder au président de la Fec, les prémisses de ses allégations. Au nom de la liberté d’expression et d’opinion reconnue à tout Congolais, on ne devrait peut-être plus rien à redire.
Cependant, au nom de cette même liberté d’opinion, certains observateurs se voient en droit de s’interroger sur la posture du Président de la Fec. En tout cas, toutes les fois qu’il a l’occasion de parler en public, Albert Yuma a toujours utilisé un ton sec. Surtout lorsqu’il lui revient de parler du Premier ministre Augustin Matata. Jamais, le numéro 1 du patronat rd congolais n’a ménagé l’actuel locataire du très convoité Château de l’avenue ex-3Z dans la commune de la Gombe.
Voyons. Le régime politique en RD Congo est semi parlementaire. Cela s’entend, le Premier ministre est investi de plein pouvoir de matérialiser la vision politique du Chef de l’Etat. Spécialement en termes de projets liés au développement du pays. Essentiellement les projets ayant un impact visible sur le vécu quotidien des populations. Et donc, descendre en flamme l’action du Premier ministre, n’équivaudrait-il pas à remettre en cause le bilan même du Raïs ? Si Matata a échoué, c’est que le Chef de l’Etat aussi, parce que c’est lui le Chef du Gouvernement. Prenons le cas de certains pays de vieille démocratie comme la France. Peut-on dire que le Premier ministre Manuel Valls a échoué et François Hollande a réussi ? Kabrel KABANGA
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