
« C’est l’histoire d’un homme qui tombe d’un immeuble de cinquante étages. L’homme, au fur et à mesure de sa chute il se répète sans cesse pour se rassurer : jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien. Mais l’important n’est pas la chute, c’est l’atterrissage. »
Cette maxime du cinéaste camerounais Hubert Koundé, que l’on peut écouter dans « la Haine (1995) », écrit par Mathieu Kassovitz, illustre à elle seule la crise politique désormais sans fin que traverse la République démocratique du Congo depuis l’année dernière.
Devant un président hors mandat, le pays entier est désormais dirigé par un gouvernement sans budget, des députés et sénateurs sans mandats, et une crise financière dont les effets pervers se font ressentir de plus en plus intenses dans une société déjà agonisante.
Et comme si cela ne suffisait pas, l’accord ficelé à la hâte en décembre dernier entre la Majorité au pouvoir et l’Opposition ne semble visiblement pas en voie d’être appliqué. D’un côté, les Kabilistes cherchant et trouvant des voies et moyens pour retarder son exécution, de l’autre, des opposants en quête de positionnement, marchandant leurs soutiens, vacillent, vivotent, au point de remettre en cause consciemment ou inconsciemment ce consensus.
En effet, aidé la par disparition tragique du seul homme qui faisait encore trembler la Kabilie, des opposants ont ainsi exhibé leurs ambitions à la lumière du jour. Raphaël Katebe Katoto fut le premier à sonner la charge, contestant la désignation de Félix Tshisekedi qu’il refuse de reconnaître comme candidat attitré du Rassemblement au poste du Premier ministre. Après lui, c’est aussi une guerre sans merci que se livrent les opposants orphelins de leur maître. D’un côté un Moïse Katumbi tentant coûte que coûte à garder cette coalition sous son emprise, signant ici et là des pactes, sentant souvent les dollars, de l’autre, ceux qui disent s’opposer à sa « manne financière », préférant plus tôt celle de Kabete Katoto, son aîné de frère. Et dire que les deux frères n’osent même pas dire aux congolais le problème qui les opposent…
Toujours est-il qu’entre temps, les restes de Tshisekedi sont au coeur d’un marchandage nauséabond entre Pouvoir, Opposition et même la famille de l’illustre disparu. Un Yo-yo ou même un jeu de Ping-pong est mis en place. Tantôt on accepte de l’enterrer à Gombe, tantôt on préfère un poste ministériel. La Majorité Présidentielle, qui n’en demandait pas plus, saute sur l’occasion.
En effet, je dois vous rappeler que depuis l’aube de la signature de cet accord, la famille politique du président Joseph Kabila Kabange n’a jamais hésité à faire perdre la moindre seconde à l’opposition, traînant ainsi en longueur l’application de cet accord dans des discussions à ne rien comprendre autour du fameux arrangement particulier. Ainsi, les hésitations, les marchandages et même la volonté sincère des opposants ont tous servit d’occasion pour ainsi pedzer.
Aujourd’hui, trois mois après la signature de cet accord, nous voilà en train de débattre pour savoir qui a le droit ou non de radier Katebe Katoto. De chercher à savoir qui de Joseph Olenghankoy ou Pierre Lumbi peut diriger le Rassemblement; Patrick Mayombe a-t-il oui ou non remis un document strictement inutile à la CENCO… et ceux qui se sentent plus intelligents, diront que le plus important c’est de savoir quand est-ce que nous allons enterrer Étienne Tshisekedi. D’autres, quand est-ce que l’accord sera appliqué… Quant à moi, je n’aurais pas la prétention de trouver un sujet plus important. Mais, il sied de noter que:
Nous n’avons toujours pas un candidat Premier ministre: à cause d’une histoire de trois noms ou pas;
Nous n’avons toujours pas de président du CNSA: là encore parce que chacun estime avoir raison;
Samy Badibanga n’a toujours pas accepté de démissionner: no comment;
Étienne Tshisekedi n’est toujours pas enterré: là encore no comment.
Ces quatre points constituent le blocage majeur au fonctionnement de notre pays. Je vous laisse donc le soin de vous rendre compte de l’état d’esprit de notre classe politique. Et comme le dit si haut la maxime: « l’important n’est pas la chute, c’est l’atterrissage. » Décembre 2017 c’est dans moins de 9 mois.
Je terminerais en citant l’Abbé Donatien Nshole: « nous sommes devant une division qui ne fait pas du bien au peuple« .
SOPOLITICO,
Par Litsani Choukran,
Le Fondé.