Thierry Froger : « Le TP Mazembe souffre de l’absence de son chef »
Thierry Froger, le nouvel entraîneur du TP Mazembe, est réputé être très à cheval sur le travail et la discipline. Avant le derby face à Lubumbashi Sport ce jeudi, l’ex-sélectionneur du Togo livre pour jeune Afrique ses premières impressions. Interview cash.
Jeune Afrique : Comment votre nomination, officialisée début février, s’est-elle déroulée ?
Thierry Froger : J’ai eu un contact avec un conseiller de Moïse Katumbi. Il y a ensuite eu des discussions avec le président, que j’ai rencontré à paris. Il était accompagné de son directeur financier. Les choses ont pris environ un mois. Je sais qu’il y avait des entraîneurs français, belges et italiens qui figuraient sur la liste des candidats. En ce qui me concerne, j’avais eu quelques contacts avec des formations nord-africaines. Évidemment, quand un club comme le TP Mazembe, un des meilleurs d’Afrique, vous sollicite, vous êtes très attentif. Il y a eu des entraîneurs français comme Diego Garzitto, Patrice Carteron et Hubert Velud qui, ces dernières années, ont bien réussi ici. Je crois que mon profil (il a dirigé le centre de formation du Mans entre 1990 et 1994, ndlr) a particulièrement intéressé le président.
Car le club, obligé de réduire son train de vie, a aussi décidé de miser sur ses jeunes…
Oui. Il y a une académie (la Katumbi Academy) qui fonctionne bien. Avec des jeunes joueurs de talent. On m’a expliqué que le club allait vivre une période de transition, et qu’il était donc nécessaire de faire également confiance aux jeunes. Cet hiver, le TPM a vu partir plusieurs joueurs (Assalé, Bope, Bolingi, Luyindama). Il a certes fait venir d’autres éléments, mais l’objectif est de donner leur chance aux jeunes qui ont été formés à l’académie. Car il y a vraiment de très bons footballeurs.
C’est ce que vous avez fait face à Don Bosco (1-0), tout en écartant des cadres comme Deo kanda, Jean Kasusula et Joël Kimwaki…
Je vais vous expliquer pourquoi j’ai pris cette décision. Ces trois joueurs ont manqué le rendez-vous collectif pour aller à la mise au vert en préparation du match. Ils ont préféré s’y rendre directement et par leurs propres moyens. Et quand ils sont arrivés sur le terrain pour s’entraîner, j’ai dit : « Messieurs, demi-tour. » La discipline, dans un projet, est essentielle. C’est vrai que ce sont des joueurs importants, qui ont gagné des titres, mais il y a des règles qui sont valables pour tout le monde. Ensuite, nous avons eu une discussion. La porte n’est fermée à personne. J’espère qu’ils ont compris.
En France, vous avez la réputation d’être un entraîneur ne transigeant pas sur la discipline…
Ce sera pareil ici. J’ai expliqué ma façon de fonctionner au président, avant de signer mon contrat (jusqu’à fin 2017, ndlr). Après la mise à l’écart des trois anciens contre Don Bosco, je l’ai eu au téléphone pour lui raconter pourquoi j’avais pris cette décision. Il m’a dit qu’il me soutenait, qu’il était derrière moi, qu’il me donnait carte blanche. Je suis venu ici pour gagner des titres, pas pour me faire mousser. J’ai vingt-huit mecs dans mon effectif. On a un championnat, une Ligue des Champions à disputer. Ceux qui ne sont pas dans le projet, tant pis pour eux. On a du travail, et donc pas de temps à perdre. C’est certes une année de transition, mais à Mazembe, on doit avoir des résultats.