Pièce après pièce. Pion après pion. Joseph Kabila continue à construire sa stratégie pour les mois décisifs à venir. Mardi soir, le chef de l’État a procédé à un léger remaniement du gouvernement. Leger mais ô combien significatif. Car le Président congolais, contesté par l’Opposition et engagé dans un bras de fer avec l’église catholique, décide d’envoyer le Secrétaire général de son parti, le PPRD, à la sécurité nationale. Et ce n’est sans doute pas un hasard.

Tout est programmé. Quelques semaines après la réforme des statuts du Parti présidentiel, qui supprime le poste du Secrétaire général au profit d’un format à la manière de l’ANC – avec un duo de de tête composé d’un Président et d’un Vice-président – la première victime de ce nouveau dispositif devait trouver un point de chute. Pour autant, loin d’être un pistonnage entre amis, le fidèle Henri Mova Sakanyi hérite d’un poste stratégique, à quelques mois d’une élection présidentielle à la fois, toujours incertaine et qui s’annonce mouvementée.

Habitué au gouvernement pour y avoir occupé notamment le poste de ministre de la communication, Henri Mova revient aux « affaires » avec un nouveau statut : celui d’un combattant. En effet, du haut de son béret rouge, le natif du Katanga, province d’origine de Joseph Kabila, est l’un des durs du régime à prôner le maintien du chef de l’État au pouvoir malgré l’expiration de son second mandat en décembre 2016. « Peut-on aller à la retraite à l’âge de 45 ans ? », s’interrogeait Henri Mova en plein milieu de la crise politique il y a plus d’un an. Renforçant un peu plus les soupçons au sujet d’un referendum constitutionnel censé revoir le nombre de mandats présidentiels aujourd’hui limités à deux.

« Le gâteau, trop petit, pour être partagé »

Car Henri Mova veut garder le pouvoir et les avantages du pouvoir. Piégé par des enregistrements sonores d’une réunion stratégique du PPRD, à laquelle participait le président de la Commission électorale, fin novembre 2017, l’ex ambassadeur à Bruxelles n’avait pas ainsi caché son mécontentement de devoir défendre « tous les jours » le programme du gouvernement d’ « un premier ministre venu de je ne sais quel bord politique ». Le « gâteau étant devenu trop petit pour être partagé », avait alors protesté celui qui devient le nouveau patron de l’intérieur.

Henri Mova Sakanyi a désormais l’occasion de le faire comprendre de vive voix à Bruno Tshibala, pioché des rangs de l’Udps et bombardé à la tête du gouvernement, qu’il ne vient pour le chef de fil de la dissidente Udps, mais pour le chef de l’Etat. Lui qui « rampait » presque quotidiennement pour le « Raïs », dispose à présent des clés de la police, championne de la répression lors des dernières manifestations hostiles aux autorités, pour faire ramper ceux qui se mettront à l’entrave de la route présidentielle. L’Opposition et l’Église catholique sont prévenus.
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