* Le cap étant désormais mis sur les élections, il faut plutôt privilégier le débat d’idées, projet contre projet. Le débat autour de la nationalité de Moïse Katumbi n’a ni cesse ni fin. Une véritable boîte de Pandore qui risque de faire mal, non seulement à un individu, mais à tout le pays. Le pays entier. Davantage dans son côté unité. Si aujourd’hui, on veut ouvrir cette boîte de Pandore, parce que c’en est une, le pays risque de s’embraser. Car, il est notoirement connu que pour plusieurs raisons, nombre d’acteurs politiques rd congolais détiennent plus d’une nationalité. Y compris ceux qui se retrouvent dans les institutions du pays, peu importe le mode d’accession au poste. C’est ainsi qu’il n’est pas surprenant de compter au Parlement, des députés nationaux, des sénateurs qui, ont, sous les manteaux, des passeports français, belges, américains, canadiens... Pareil au Gouvernement et au Portefeuille de l’Etat où des ministres, des mandataires publics mènent une espèce de double vie : congolais dans le bureau douillet de la Gombe et belge, français... une fois en Europe. Tout dépend donc du territoire où l’on se trouve ou des enjeux en présence, pour faire prévaloir telle citoyenneté ou telle autre. Fort de cette réalité qui n’échappe à personne, on ne devrait donc plus s’amuser à rouvrir le débat autour de cette question qui heurte plusieurs sensibilités. Entre l’intérêt supérieur du pays et une polémique sentant un règlement des comptes à mille lieues, les acteurs politiques congolais devront donc choisir. Opérer un bon choix. Ce qui ne semble pas évident, au regard des intrigues et des ajustements politiques actuels en RD Congo. Cependant, quelle que soit la pertinence des raisons à avancer pour nourrir la polémique autour de la double nationalité en RD Congo, nul sage ne saurait conseiller à la classe politique de privilégier une manœuvre, pas très subtile, qui conduirait le pays droit vers le chaos. UN MORATOIRE ELASTIQUE Au pays de la polémique permanente, il est à relever que le moratoire de trois mois arrêté en février 2007 sur la nationalité court jusqu’à ce jour. Un moratoire dont l’élasticité témoigne du caractère " conflictogène " et surtout explosif de la question de la nationalité. Se connaissant, et conscients de la délicatesse du sujet, les parlementaires ont préféré opter par l’omerta. NI OPPORTUN NI NECESSAIRE La Constitution du 18 février 2006 en vigueur en RD Congo, spécialement en son article 10, alinéa 1 stipule : « La nationalité congolaise est une et exclusive. Elle ne peut être détenue concurremment avec aucune autre. » Sans conteste, ceux qui ont exhumé le débat sur la double nationalité s’appuient sur cette disposition de la Loi fondamentale. Comme pour dire que vu des textes, les auteurs de la campagne d’acharnement contre Moïse Katumbi n’ont pas tort. Cependant, des analystes dépassionnés pensent qu’on ne devrait pas dissocier la question de la double nationalité de l’environnement politique actuel du pays. Dès lors, on se demande si c’est vraiment le moment indiqué pour engager le pays dans ce genre de débat. Si oui, quelle serait alors, en termes de dividendes, la part de la Nation ? A contrario, au cas où la RD Congo n’aurait rien à encaisser, pourquoi devrait-on dépenser autant d’énergie pour chauffer l’opinion à blanc, si dès le départ, la manœuvre exige une approche déductive qui conduirait à une inférence immédiate fâcheuse pour tous ? La classe politique en RD Congo a le malheur ou l’avantage –c’est selon –de compter en son sein plusieurs protagonistes de l’impasse survenue quelques années seulement après la chute du régime de feu le maréchal Mobutu en mai 1997. Et donc, ce sont ces mêmes dirigeants qui ont été témoins oculaires et auriculaires de cette mauvaise séquence de l’histoire du pays. Tous savent par cœur et se rappellent que le débat sur la « Congolité » a servi de prétexte aux conspirateurs de la guerre de l’Est. Il s’agit ici, d’une vérité historique qui n’échappe pas du tout à la mémoire collective des Congolais. La RD Congo n’est pas le seul ou le premier pays d’Afrique centrale, à soulever la question de la double nationalité. La Côte-d’Ivoire l’avait expérimentée. On se souvient du néologisme « Ivoirité », ayant ouvert un débat chaud sur la nationalité de l’actuel Chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara, alors principal opposant au régime de Laurent Gbagbo et en son temps, candidat à l’élection présidentielle. Cette controverse avait donc provoqué la guerre dont les Ivoiriens remémorent encore les conséquences. Et, ce n’est pas de la fiction. Maintenant que la RD Congo s’est résolument engagée dans les préparatifs de la tenue des élections du 23 décembre prochain, les acteurs politiques ont tout à gagner, en privilégiant justement un débat d’idées, projet contre projet. C’est cela qu’on attend. Vu du Congolais lambda, la priorité est l’amélioration de son quotidien et non la polémique sur qui est qui et qui est fils de qui ? A partir du moment où la terre entière appelle à un scrutin réellement démocratique, transparent, libre et apaisé en RD Congo, les différents protagonistes se trouvent devant l’impératif de créer les conditions pour que ce vœu pieux devienne une réalité. Pas donc sûr que le débat actuel, du faux pour entretenir l’électrochoc participe à l’apaisement tant souhaité des élections à venir.
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