* * Vu des analystes, la propension à mettre sur le même pied, l’armée régulière et les forces terroristes n’aide pas à consolider l’autorité de l’Etat, l’Etat de droit et la démocratie en RDC.

Des experts de l’ONU ayant enquêté sur les atrocités commises depuis 2016 contre des populations civiles dans la région du Kasaï en RDC ont accusé mardi les forces de sécurité et les milices locales de crimes contre l’humanité et crimes de guerre. " Certaines des exactions commises par les forces de défense et de sécurité, les milices Bana Mura et la milice Kamuina Nsapu constituent des crimes contre l’humanité ou des crimes de guerre, ainsi que des violations et des atteintes aux droits de l’homme ", a indiqué le groupe d’enquêteurs de l’ONU dans les conclusions de leur rapport.

Par ailleurs, la même expertise des Nations Unies sur la situation qui a prévalu depuis mi-2016 dans l’espace Grand Kasaï, rapporte que les attaques menées par les forces de défense et de sécurité, la milice Kamuina Nsapu et les milices " Bana Mura " ont été menées contre les populations civiles avec un caractère généralisé ou systématique, et dans la poursuite de la politique d’un Etat ou d’une organisation ayant pour but une telle attaque ".
Selon les enquêteurs, beaucoup d’enfants ont été enlevés, blessés, mutilés, détenus ou exécutés. Certains d’entre eux ont vu leurs parents battus, décapités ou leurs mères violées, depuis 2016, année qui marque le début de ce cycle de violences aux relents ethniques. "Il est urgent de mettre en place une politique de désarmement des milices et un processus de réconciliation afin d’éviter une nouvelle vague de violences et permettre le retour des déplacés et réfugiés", recommandent-ils.
A en croire les experts qui citent des actes de meurtre, viol, réduction en esclavage, notamment sexuel, persécutions et autres actes inhumains, tous ces différents faits constituent bien des crimes contre l’humanité. Mais, déplorent-ils, " un très sérieux problème d’impunité subsiste au regard de l’ampleur et de la gravité des crimes ".

QUAND L’ARMEE REGULIERE ET LES FORCES TERRORISTES SONT MISES SUR LE MEME PIED
Ce n’est pas la première fois que les Nations Unies s’intéressent à la situation ayant prévalu autrefois dans la province du Kasaï. Dans son rapport du 1er mars dernier, le Secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, avait attesté que " 13,1 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire et d’une protection, soit deux fois plus qu’en 2017 ". Parmi celles-ci, " 7,7 millions de personnes souffrent d’une grave insécurité alimentaire ", dont 2 millions d’enfants atteints de malnutrition sévère aiguë, dans un pays qui n’exploite que 10% de ses terres arables (1% seulement du budget est réservé à l’agriculture, dont seule la moitié est effectivement décaissée).
La densité événementielle est telle qu’aucun homme sensible ne saurait rester indifférent face au drame kasaïen. Les différentes données chiffrées renseignant sur le nombre de personnes, victimes de quelque nature de cette situation, en disent long.

Cependant, il se pose quand même un problème dans le traitement, voire la présentation des faits. De la lecture de différents rapports sur la situation dans la province du Kasaï, il se dégage une sorte de constance qui se traduit par cette tendance à mettre sur le pied d’égalité, l’armée régulière et les forces terroristes. De l’avis de plusieurs analystes dépassionnés, une telle perception des faits n’est pas de nature à consolider l’Etat de droit en RDC tant réclamé par tous. D’où, toute la controverse autour du Rapport sus-évoqué des experts de l’Onu, qui sera présenté ce mardi 3 juillet devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. La question est de savoir si, face aux atrocités des forces terroristes sur des populations civiles, l’armée loyalistes doit se croiser les bras. Sinon, que ne voit-on pas dans d’autres pays vivant de pires scènes d’horreurs ?

Imagine-t-on une Armée régulière laisser des mouvements terroristes irrédentistes prendre les armes, s’en prendre aux représentants de l’Etat et tuer de paisibles citoyens ? Certes l’armée régulière peut commettre des bavures dans l’exécution de sa mission. Comme c’est le cas du reste dans tous les pays du monde. Mais de là à mettre dans le même sac les forces loyalistes et les mouvements rebelles, il y a tout un fossé.
Cet équilibrisme tend à accréditer la thèse qu’en RDc loyalistes et hors-la-loi sont logés à la même enseigne. Pas une très bonne manière de promouvoir l’autorité de l’Etat, l’Etat de droit et finalement la démocratie.
Il sied de rappeler que la région du Kasaï a été le théâtre en 2016-2017 d’un violent conflit qui a débuté après la mort le 12 août 2016 du chef traditionnel Kamuina Nsapu. Selon le rapport d’Antonio Guterres du mois de mars 2018, le bilan des affrontements des entre les miliciens Kamuina Nsapu et les forces de sécurité faisait état de plus de 3.000 morts et 1,4 million de déplacés. Grevisse KABREL
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