Statut d’anciens Présidents de la République. Les Députés de l’Opposition claquent la porte !
Les choses ont tourné au vinaigre à l’Assemblée Nationale. Hier, en effet, alors que la question était inscrite à l’ordre du jour, après un premier report lié à quelques contestations du rapport de la Commission PAJ, les Députés de l’Opposition ont levé l’option de quitter l’hémicycle, avant l’adoption de cette loi portant statut d’anciens Présidents de la République. Ils rejettent, en bloc, l’idée de l’élargissement du bénéfice des avantages découlant de cette loi aux Chefs des Corps constitués.
Dans les méandres de cette réaction véhémente, certains sont ces Députés de l’Opposition qui pensent que l’actuelle session extraordinaire n’a pas été à la hauteur des attentes. Car, en principe, sur six points initialement retenus, outre le congrès de ce jeudi 19 juillet 2018, il n’y a que cette loi-là qui aura été traitée sous cette vague de tiraillements.
Pour eux, au-delà de toutes les apparences spécieuses, même le congrès au cours duquel le Président devra dresser l’état de la nation, ne serait qu’un gaspillage des ressources, pourtant, maigres du trésor public.
Mais, la loi passe, quoiqu’en des termes divergents avec celle qui a été adoptée au Sénat. Et, en cas de persistance à la commission paritaire mixte, c’est le point de vue de l’assemblée nationale qui primera, conformément à la loi.
Donc, elle sera, dans le cas d’espèce, transmise comme telle au Chef de l’Etat, pour promulgation dans les délais prescrits.
Entretemps, demain, jeudi 19 juillet, Kabila va parler. L’opinion reste, certes, focalisée autour du contenu de son message. L’on s’attend à de grandes annonces, au regard de toute la panoplie de préoccupations liées, spécialement, au processus électoral. Comment peut-il trancher le débat, devenu vif, sur la machine à voter, le fichier électoral, la redynamisation de la CENI et du CSAC ou, alors, celui axé sur la décrispation politique ? Que dira-t-il de son propre sort concernant cette rumeur récurrente autour des intentions qui lui sont attribuées sur l’éventualité, pour lui, de briguer un troisième mandat, après 17 ans de règne ? S’il est vrai que la CENI est la seule institution habilitée à répondre aux questions du processus électoral, il n’est pas exclu que le Garant de la nation, lors de son message, ait un petit mot susceptible d’apaiser les esprits, pour sauver le processus électoral. Le moins que l’on puisse dire, au demeurant, est que le Chef de l’Etat se trouve dans une situation où lui-même, tout en étant directement visé, doit, en même temps, éviter de jeter de l’huile sur le feu. Car, ici, la crédibilité des élections et la fiabilité des résultats conditionnent la paix d’aujourd’hui et de demain.
Autrement dit, organiser les élections est une chose. Mais, maintenir la paix et la stabilité institutionnelle en est une autre. Comment, dans ses marges de manœuvre, peut-il anticiper les événements, au regard de l’offre de menaces que lui brandit, contre toute attente, le Comité Laïc de Coordination avec l’annonce de nouvelles manifestations prévues du 12 au 14 août 2018 ?
Des assurances attendues du Chef de l’Etat doivent également répondre aux préoccupations de la communauté internationale dont les avis d’experts et observateurs permettraient, d’une manière ou d’une autre, aux futures élections de se conformer aux standards internationaux.
C’est, au fait, une occasion, pour le Président Kabila, de fixer les esprits, à tout point de vue.
LPM