C’est depuis sept ans qu’Eugène Diomi Ndongala croupit dans la prison de Makala comme prisonnier politique de Kabila. Il importe de rappeler le film des événements politiques relatifs à l’enlèvement, à la séquestration et à la tentative d’assassinat d’Eugène Diomi Ndongala, candidat malheureux aux présidentielles en 2006, député élu et porte-parole de la plate-forme de la Majorité Présidentielle Populaire (MPP).

Nous allons donc essayer de faire un parcours panoramique des événements comme ils se sont enchaînés, les uns après les autres, jusqu’au jour fatidique où les principes de la démocratie ont été bafoués jusqu’à leur substance profonde.

ACTE I : DES SCÈNES PRELIMINAIRES A LA CRISE.

Les élections présidentielles catastrophiques de novembre 2011 ont mis sens dessous dessus le microcosme politique congolais. Les élections législatives qui allaient de pair avec la présidentielle ont exacerbé la crise à la place de jeter de l’eau au feu. Ici encore, les députés élus dans un courant politique lambda de l’opposition se mettent à suivre piteusement le leader politique dont ils étaient censés être les opposants.

Résultat hallucinant : deux présidents élus, deux prestations de serment présidentiel, deux messages de vœux de nouvel an, le lundi 31 décembre 2012, et comble de tout, un imbroglio politique qui finit comme d’habitude à séparer le paysage politique congolais en deux camps : le premier derrière l’élu Joseph Kabila et le deuxième derrière l’élu Étienne Tshisekedi.
Après trois mois de tergiversation pour décider enfin qui est le vrai élu du peuple, commencent, de part et d’autre, les manœuvres politiques d’affirmation de l’autorité de l’État.

L’imperium devient le véritable enjeu du combat politique. Ainsi donc, devant la léthargie et la complicité quasi avérée de la communauté internationale, le président élu Étienne Tshisekedi et l’opposant Eugène Ndongala lancent, le 16 avril 2012, la Charte Constitutive de la Plate-forme de la Majorité Présidentielle Populaire.

Parmi les principaux objectifs de cette plate-forme, nous pouvons énumérer, entre autres : « rétablir la vérité des urnes en République démocratique du Congo afin que le peuple congolais puisse réellement être gouverné par les dirigeants de son choix ; soutenir les actions visant la conquête de l’impérium au Président élu de la RDC, Étienne Tshisekedi Wa Mulumba ; coaliser les forces vives de la nation afin de donner corps à un nouveau leadership politique national et local, capable de canaliser la volonté de changement qui habite notre peuple et enfin restaurer l’alternance du pouvoir politique en RDC ».








Cette charte fut cosignée par le Collège des Fondateurs représenté du côté de l’UDPS par Jacquemin Shabani, en sa qualité de secrétaire rapporteur, et du côté de la Démocratie Chrétienne, par Eugène Diomi Ndongala, président dudit parti.

La même Charte stipule, en son article 4, son ouverture aux nouveaux adhérents : les partis politiques, les regroupements politiques, les mouvements des femmes, les mouvements de jeunes et de la diaspora, le pouvoir traditionnel ainsi que les autres forces vives de la nation signataires de la présente charte.

Le 10 mai 2012, la MPP passe à l’action et mène des actions de coopération internationale pour appeler à l’isolement diplomatique du « pouvoir usurpateur » de Kabila, accusé d’être au centre des troubles qui secouent l’Est du pays. Presqu’un mois plus tard, le 7 juin 2012, un message de la MPP est libellé au peuple congolais en rapport avec la situation du Kivu et livre cette grave information que « le Congo est victime d’une Haute Trahison.»

Mais la veille de cette déclaration, soit le 6 juin, il y a un événement important à signaler : le porte-parole de la Démocratie Chrétienne, monsieur Marc Mawete, lit publiquement à 14h00 un communiqué faisant état des hommes armés signalés au siège de la Démocratie Chrétienne aux environs de 11h00 et qui sont membres de services de sécurité congolais qui font peser des menaces sur la vie du député Eugène Diomi à cause de son soutien au président élu Étienne Tshisekedi et de son initiative concernant la Majorité Présidentielle Populaire.

Le mardi 12 juin 2012, la MPP organise une conférence de presse au cours de laquelle elle stigmatise la crise politique à l’Est de la RDC, l’émission des nouvelles coupures du franc congolais, le déguerpissement par force des commerçants ambulants, puis le débat sur le porte-parole de l’opposition et la délocalisation du sommet de la Francophonie.
Le vendredi 22 juin 2012, la MPP prend l’initiative d’organiser une grande célébration Eucharistique dans l’église Notre-Dame de Lingwala en faveur des populations déplacées de la RDC. Fait marquant de la journée : Etienne Tshisekedi, alors tenu en quarantaine par la soldatesque de son adversaire politique, réussit sa première sortie. En compagnie de son épouse, il rehausse de sa présence cette haute cérémonie et lance un message clair qu’il n’est pas encore politiquement mort.

ACTE II : LE POINT FOCAL DE LA CRISE

Au fur et à mesure que chaque camp veut imposer sa vérité sur la version de l’histoire politique et sa légitimité à détenir l’imperium, la tension ne cesse de monter de tous les crans. Les événements vont se précipiter aux trois derniers jours du mois de juin 2012. En effet, la MPP fidèle à l’article 4 de sa Charte Constitutive s’ouvre à plusieurs forces vives et politiques qui partagent ses quatre objectifs. Il se signale de nombreux adhérents dont 40 partis politiques. La date du 27 juin 2012 est fixée pour rendre solennelle la signature de ces nombreux adhérents au nouveau courant qui prend corps autour de la présidence de Tshisekedi. C’est autour de ce jour que va se jouer toute la partition des notes de violences et de mensonge.

Le mardi 26 juin 2012, soit la veille de l’enlèvement de Diomi, les forces de sécurité congolaises franchissent le Rubicon des frontières de la démocratie en prenant la décision d’investir le siège du parti politique de la Démocratie Chrétienne dans la commune de Gombe. Monsieur Yves Kota, porte-parole adjoint dudit parti, en donne les détails dans un communiqué officiel : « Depuis le 26 juin 2012 vers 22h00, un groupe de policiers aux ordres de Colonel Kanyama, alias « esprit de mort » , sont descendus au nombre de 40 éléments au siège de la Démocratie Chrétienne sur Avenue Colonel Ebeya, où pendant toute la journée il y a eu une grande affluence de militants et de sympathisants en vue de l’organisation prévue le 27 juin 2012 à la Cathédrale Notre-Dame de Fatima de la cérémonie de signature de la Charte Constitutive de la MPP, Majorité Présidentielle Populaire, par plus de 40 partis politiques de l’opposition ».

Malgré les appels téléphoniques de Freddy Kota, le secrétaire général de la Démocratie chrétienne, en accord avec l’avocat du parti, signalant à l’adresse de l’auditorat militaire la présence massive et abusive des militaires au siège du parti, l’état de siège va perdurer jusqu’au lendemain matin où, par ordre du colonel Kanyama, les soldats entreront par effraction dans les bureaux du siège de la DC et dans les autres locaux de l’immeuble abritant le siège du parti.

Le matin du 27 juin 2012, c’est le jour J pour la signature de la Charte Constitutive de la MPP et les forces de la partie adverse sont sur les pieds de guerre. Tous les ingrédients de la crise sont réunis pour que le pire se commette. Ce matin-là donc, une cohorte de militaires prend la direction de la Cathédrale Notre-Dame de Fatima et profèrent des menaces de mort à l’adresse du Curé en exercice, lui intimant l’ordre de ne pas permettre la tenue des manifestations de la MPP dans l’enceinte de la paroisse.

C’est alors qu’informé du climat délétère qui règne autour de la cathédrale où sont chassés purement et simplement les policiers en services par d’autres policiers aux ordres du colonel et au sujet des menaces proférées sur les prêtres qu’Eugène Diomi prend l’initiative de se rendre sur place avant les échéances pour remettre de l’ordre. Il n’arrivera jamais au point de destination de son voyage qui le portait à la Cathédrale. Il sera porté disparu sans compter la guerre de désinformation qui s’en suivra pour lui faire un lynchage médiatique et en même temps décourager toute autre velléité de signature de cette fameuse charte qui met en danger la légitimité de l’autre élu.

Cette journée de mardi 27 juin 2012 finira sans que l’on sache où est l’honorable Eugène Diomi et sans qu’aucun parti n’ait pu avoir accès dans cette église plus que militarisée. Il faudra attendre le mercredi 15 août 2012, soit 50 jours plus tard, pour que les quarante partis politiques auxquels s’associeront des organisations et personnalités de la Diaspora, réussissent à signer cette Charte dans l’église Cathédrale Notre-Dame de Fatima mais sous haute protection des militaires de la MONUSCO. C’est le jour de l’Assomption et signé dans l’église qui porte son nom, des rayons de soleil surgissent qui commenceront à éclairer le tissu des mensonges montés par le régime dont les médias officiels ont rapporté les diffamation et des versions farfelues dont chaque congolais averti arrivait sans effort à établir des parallèles avec un autre meurtre d’un dignes fils congolais : Floribert Chebeya contre qui le pouvoir sanguinaire de Kinshasa avait voulu imputer le meurtre par un deal sexuel mal réglé avec une prostituée.

Depuis juin 2012, des procès bidon vont se succéder pour faire de ce soldat du peuple congolais, un prisonnier politique personnel de Joseph Kabila. Maintenant qu’il se raconte partout que Kabila est devenu président honoraire et que le parti pour lequel Diomi s’est battu pour défendre l’imperium a conquis la Magistrature suprême, y aurait-il encore des raisons politiques suffisantes pour que le président de Démocratie chrétienne ajoute une nuit de plus dans la prison centrale de Makala ?

Géopolique de la violence et la paix en Afrique
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