Une avancée militaire fulgurante
Fin janvier 2025, l’armée rwandaise a pris le contrôle de Goma, achevant ainsi la conquête de la province du Nord-Kivu en RDC. Quelques jours plus tard, le 15 février 2025, les troupes rwandaises s'emparaient de Bukavu, la capitale du Sud-Kivu, alors même que se tenait le sommet annuel de l'Union Africaine à Addis-Abeba. Cette progression rapide souligne la stratégie militaire bien huilée de Paul Kagame et son intention manifeste de redéfinir les frontières de la région.
Une réponse internationale ambiguë
Malgré la condamnation de l'UA et des organisations régionales comme l'EAC et la SADC, aucun moyen concret n'a été mis en place pour contraindre le Rwanda à se retirer des territoires conquis. Le sommet de Dar Es Salaam des 8 et 9 février 2025 a appelé à un cessez-le-feu immédiat, mais ce dernier n'a pas été respecté. Au contraire, la prise de Bukavu a confirmé l'absence de volonté réelle d'arrêter les hostilités.
Des signes d'acceptation du fait accompli
Plusieurs éléments suggèrent que la communauté internationale commence à intérioriser l'idée d'une réorganisation géopolitique dans la région :
La prestation de serment des nouvelles autorités administratives du Nord-Kivu sous contrôle du M23/RDF.
La couverture médiatique occidentale favorable à Corneille Nangaa et à l'Alliance Fleuve Congo (AFC/M23).
L'attitude ambivalente de certains pays africains, qui évitent d'accuser directement le Rwanda.
De plus, l'Afrique du Sud et le Burundi, qui soutiennent activement la RDC, sont systématiquement diabolisés par certains médias internationaux, ce qui affaiblit leur position.
Les facteurs expliquant l'hégémonie de Kagame
Paul Kagame bénéficie d'une combinaison de facteurs qui renforcent son influence dans la région :
Une dictature bien rodée : Le Rwanda est dirigé d'une main de fer, ce qui lui permet de déployer ses forces sans opposition interne.
Une classe politique congolaise divisée : Les querelles internes à Kinshasa affaiblissent la capacité de la RDC à répondre efficacement à l'agression.
Des alliances tribales et stratégiques : Kagame bénéficie du soutien de l'Ouganda et de certains pays d'Afrique de l'Est, qui partagent avec lui des intérêts ethniques et géopolitiques.
Un soutien tacite des puissances occidentales : Le Rwanda est perçu comme un partenaire stratégique en Afrique centrale, notamment en raison du chantage historique autour du génocide de 1994.
Quel avenir pour la RDC et le Burundi ?
Si la tendance actuelle se poursuit, le risque de balkanisation de la RDC devient réel, avec une possible déclaration d'indépendance de la "République du Kivu" sous influence rwandaise. Le Burundi, de son côté, est déjà menacé par les ambitions expansionnistes de Kigali. La résistance à cette hégémonie repose sur plusieurs facteurs :
La capacité de la RDC à renforcer ses forces armées et à obtenir un soutien militaire régional.
Une unité politique interne qui transcende les intérêts individuels.
Une mobilisation accrue de la communauté internationale pour freiner les ambitions de Paul Kagame.
L'évolution des prochains mois sera déterminante pour l'avenir de la région des Grands Lacs.