Depuis plus de trois décennies, l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) est en proie à des conflits armés dévastateurs, opposant l’armée congolaise à des groupes rebelles soutenus par le Rwanda. Aujourd’hui, plusieurs localités du Nord-Kivu et du Sud-Kivu sont sous le contrôle des Forces démocratiques alliées (FDLR) et du Mouvement du 23 mars (M23), soutenu par les Forces de défense rwandaises (RDF). Face à cette crise persistante, le Président burundais, Évariste Ndayishimiye, a proposé un plan de paix ambitieux visant à éviter une guerre régionale et à rétablir la stabilité dans la région.
Ce plan, présenté le dimanche 16 février par le ministre burundais des Affaires étrangères, Albert Shingiro, lors de la 38ᵉ Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine (UA), privilégie une « solution pacifique » et appelle à une action immédiate de la communauté internationale.
Un contexte alarmant
L’initiative phare de l’Agenda 2063 de l’UA, « Faire taire les armes d’ici 2020 », n’a pas produit les résultats escomptés. La prise de Goma par le M23 et l’occupation prolongée de vastes zones de la RDC par des groupes armés soutenus par le Rwanda illustrent la fragilité des mécanismes de paix de l’UA et alimentent l’instabilité régionale.
Le Plan Ndayishimiye vise à éviter une escalade du conflit en une guerre régionale à grande échelle. Il propose une implication active de la communauté internationale pour aider la RDC à recouvrer son intégrité territoriale et à démanteler toutes les forces négatives opérant dans l’Est du pays.
Appel à l’action internationale
Le Président Ndayishimiye a lancé un appel pressant à la communauté internationale, l’exhortant à sortir de son inertie face à la détérioration de la sécurité dans l’Est de la RDC. « Si rien n’est fait dans l’immédiat, la crise en RDC risque de se transformer en une guerre régionale », a-t-il averti.
Il a également condamné « l’occupation illégale » d’une large partie du territoire congolais par les RDF-M23, en violation flagrante du droit international, des accords régionaux et des engagements pris au sein de l’UA. Le Burundi, en tant que pays épris de paix, propose un plan en trois axes pour résoudre la crise.
Retrait des troupes rwandaises et démantèlement des groupes armés
Le Plan Ndayishimiye préconise le retrait immédiat des forces armées rwandaises de la RDC. Bien que le Rwanda justifie sa présence par la lutte contre les FDLR, le Burundi souligne que les civils congolais sont les principales victimes des combats. « La majorité des personnes tuées sur le champ de bataille sont des civils congolais, et non les FDLR », a rappelé Ndayishimiye.
Le plan propose également que la communauté internationale participe activement au démantèlement de toutes les forces négatives en RDC, y compris les FDLR. Le démantèlement de ces groupes armés, suivis de leur retour dans leur pays d’origine, rassurerait les pays voisins, dont le Rwanda, et contribuerait à la stabilité régionale.
Dialogue intercongolais et cessez-le-feu
Concernant le M23, le Président burundais a estimé que la résolution de ce conflit passe par un dialogue intercongolais. « Si ce mouvement se revendique congolais, il n’a qu’à emprunter le chemin du processus de paix intercongolais sous les auspices de l’ancien président kenyan, Uhuru Kenyatta, facilitateur désigné de la Communauté est-africaine », a-t-il déclaré.
Le Burundi a également appelé à un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel en RDC. Ce cessez-le-feu permettrait de créer un environnement propice au dialogue, de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire aux populations civiles et d’épargner des vies humaines, en particulier celles des femmes et des enfants.
Une lueur d’espoir ?
À l’issue de la réunion tenue en marge du sommet de l’UA à Addis-Abeba, le Conseil de paix et de sécurité de l’organisation panafricaine a exhorté les parties à tirer parti des progrès accomplis dans le cadre du Processus de Luanda. Cela inclut la mise en œuvre du Concept d’opérations (CONOP) pour neutraliser les FDLR, le désengagement des forces rwandaises et congolaises, ainsi que le renforcement de la coopération dans le cadre du Mécanisme de vérification ad hoc renforcé.
Le Plan Ndayishimiye représente une lueur d’espoir pour une région meurtrie par des décennies de conflits. Cependant, sa réussite dépendra de la volonté politique des acteurs régionaux et internationaux, ainsi que de leur engagement à mettre en œuvre des solutions durables pour la paix et la stabilité en Afrique centrale.
Restez informés pour suivre les développements de cette initiative cruciale pour l’avenir de la RDC et de la région.