La Première Ministre de la République Démocratique du Congo, Judith Suminwa Tuluka, a présenté ce jeudi devant l’Assemblée nationale les projets de loi relatifs au budget 2025 ainsi que la reddition des comptes de 2023.
Une augmentation budgétaire, mais des incertitudes persistantes
Le budget 2025 s’élève à 49 845,68 milliards de CDF (environ 17,5 milliards USD), marquant une hausse de 21,6 % par rapport à l’année précédente. Ce budget repose sur une projection optimiste de croissance de 5,7 % malgré un faible effort fiscal et une pression fiscale inférieure à la moyenne régionale.
Cependant, plusieurs éléments tempèrent cet optimisme :
Tensions politiques et guerre dans l’Est
- L’insécurité persistante, notamment la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda, fragilise l’environnement économique.
- L’incertitude politique autour d’une possible révision constitutionnelle et les risques sanitaires (flambées épidémiques) ajoutent à cette instabilité.
Facteurs économiques défavorables à l’international
- La faible croissance mondiale pourrait impacter la RDC, notamment en réduisant les investissements étrangers et les entrées de capitaux.
- L’inflation et la dépréciation du franc congolais compliquent encore le cadre macroéconomique.
Faible exécution des dépenses sociales
- À fin septembre 2024, l’exécution budgétaire était insuffisante dans les secteurs sociaux :
- Santé : 19,1 %
- Éducation : 42,7 %
- Protection sociale : 16,1 %
- Malgré une hausse des allocations (2,8 milliards USD pour l’éducation, 2,1 milliards USD pour la santé, 344 millions USD pour la protection sociale), la difficulté d’exécution budgétaire risque d’amoindrir l’impact réel de ces dépenses.
- À fin septembre 2024, l’exécution budgétaire était insuffisante dans les secteurs sociaux :
Des réformes pour renforcer la gestion budgétaire
Un nouveau programme économique conclu avec le FMI pourrait aider à améliorer la gestion budgétaire, notamment grâce à :
- La mise en place d’un Compte Unique du Trésor
- L’opérationnalisation de la Direction générale du Trésor
- La déconcentration progressive des dépenses sectorielles (Santé, Éducation, etc.)
Si ces réformes sont appliquées avec rigueur, elles pourraient renforcer la transparence et améliorer l’impact des dépenses sociales. Toutefois, le succès du Budget 2025 dépendra de la capacité du gouvernement à surmonter les obstacles sécuritaires, politiques et économiques qui pèsent sur la RDC.