Alors que la France classe sans suite la plainte de la RDC contre Apple, la question des minerais et de leur rôle dans le conflit congolais reste entière.

Une exploitation minérale au cœur du conflit

Les relations diplomatiques entre la RDC et le Rwanda sont rompues, tandis que le M23 continue de semer la panique dans le Kivu après avoir pris le contrôle de Goma et Bukavu. Ce groupe armé progresse rapidement grâce à des conditions favorables : il a mis la main sur des mines extrêmement lucratives et extrait des minerais dits « de sang » – tungstène, cobalt, coltan ou or – des ressources incontournables pour l'industrie technologique mondiale.

Dans la mine de Rubaya, en RDC, enfants et adultes s'activent, pioches et pelles à la main, pieds immergés dans la boue. Des Congolais, mais aussi des Chinois, suivent une cadence effrénée. Sous la surveillance d'hommes armés, ces travailleurs exploitent sans relâche le coltan, un minerai essentiel à l'industrie électronique.

Selon un rapport de l'ONU, le M23 exporte environ 120 tonnes de coltan par mois vers le Rwanda, générant des revenus estimés à 800 000 dollars mensuels. Ces profits financent l'achat d'armes et l'expansion des effectifs du groupe rebelle.

Une guerre alimentée par les minerais

Le 5 février 2025, le M23 a poursuivi son avancée en s'emparant de Nyabibwe, une cité minère riche en étain et tungstène. Le coltan, composant essentiel des smartphones, y est extrait en grande quantité. La RDC détient à elle seule deux tiers des réserves mondiales de coltan et 70 % des ressources mondiales de cobalt, indispensable à la fabrication des batteries électriques.

L'or constitue également un enjeu majeur pour le M23. Selon le Trésor américain, plus de 90 % de l'or congolais est exporté clandestinement via le Rwanda et l'Ouganda. Ces ressources financent directement les activités militaires du groupe rebelle et pèsent sur la stabilité régionale.

L'industrie de la tech face à ses responsabilités

Face à cette situation, plusieurs ONG, dont Amnesty International, ont dénoncé les pratiques de grandes marques comme Apple, Sony et Samsung. Ces entreprises sont accusées de s'approvisionner en minerais via des circuits illégaux, souvent au prix du travail des enfants.

En 2023, un accord entre Bruxelles et Kigali a promis un approvisionnement « durable » en minerais vers l'Europe. Une initiative controversée, sachant que la majorité des minerais exportés par le Rwanda proviennent en réalité de RDC.

Bestine Kazadi, ministre déléguée en charge de la Coopération internationale congolaise, a récemment demandé la suspension de cet accord. « Il est inacceptable que des minerais extraits illégalement, au prix du sang des Congolais, soient commercialisés sous couvert de durabilité », a-t-elle déclaré.

Un coût humain alarmant

Depuis les années 1990, le conflit en RDC a causé plusieurs millions de morts et déplacé près de 7 millions de personnes. Récemment, la prise de Goma a entraîné la fuite de 500 000 habitants et la mort de 2 700 personnes en seulement une semaine.

En plus des combats, une crise humanitaire dévastatrice se profile avec la propagation rapide du choléra et la recrudescence des violences sexuelles. L'ONU a signalé une hausse alarmante des cas de viols dans l'est de la RDC, où les civils restent les premières victimes du conflit.

Alors que la guerre se poursuit, une question demeure : jusqu'où ira le M23 dans sa quête de pouvoir et de contrôle sur les richesses du Congo ? Et surtout, combien de temps encore l'industrie technologique continuera-t-elle d'alimenter, directement ou indirectement, cette tragédie humaine ?

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