Depuis les premières heures de la matinée du lundi 3 mars 2025, la cité de Biakato, située à plus de soixante-quinze kilomètres au sud de Mambasa dans la province de l’Ituri, est le théâtre d’affrontements intenses. Les détonations d’armes lourdes et légères résonnent dans la région, marquant le début d’une opération militaire menée par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) contre des combattants illégaux se faisant passer pour des « Wazalendo ».
Une traque ciblée contre les faux Wazalendo
Selon des sources sécuritaires locales, les FARDC ont lancé une opération pour neutraliser des individus armés qui, sous le couvert du mouvement « Wazalendo », semaient le chaos dans la région. Ces faux combattants, appartenant à l’ULPC (Union des patriotes pour la libération du Congo), profitaient de l’appellation « Wazalendo » – terme signifiant « patriotes » en swahili – pour commettre des exactions contre la population civile.
Gilbert Kasereka Sivamwenda, député provincial élu de Mambasa et défenseur des droits humains, a confirmé ces informations. Dans un entretien avec ACTU7.CD, il a révélé qu’un bilan provisoire faisait état de quatre combattants illégaux tués par les FARDC. « Il y a traque de faux Wazalendo qui tracassaient la population. Ils sont de l’ULPC. Pour le moment, quatre sont tombés », a-t-il déclaré.
Un phénomène qui menace la sécurité des civils
Le député a également dénoncé la dérive du phénomène « Wazalendo », qui, selon lui, est devenu un moyen pour des individus malintentionnés de légitimer leurs activités criminelles. « Le phénomène Wazalendo est devenu un moyen de légaliser tous les inciviques, et malheureusement, c’est la population qui en paie le prix », a-t-il ajouté. Ces groupes armés, souvent issus de milices Maï-Maï, se sont multiplié dans la région, profitant de l’instabilité et de la résurgence des conflits pour imposer leur loi.
La partie sud du territoire de Mambasa, où se trouve Biakato, est particulièrement touchée par cette situation. Cette zone, considérée comme une plaque tournante des mouvements armés, a vu l’émergence de plusieurs groupes armés venus principalement du Nord-Kivu voisin. En 2018, certains de ces groupes s’étaient illustrés en attaquant les équipes médicales engagées dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola, créant un climat de peur et d’insécurité.
Un contexte sécuritaire complexe
La situation à Biakato s’inscrit dans un contexte sécuritaire plus large marqué par la résurgence des conflits armés dans l’est de la RDC. Depuis la réapparition de l’agression rwandaise et l’implication de groupes armés étrangers, de nombreux combattants locaux se sont regroupés sous la bannière « Wazalendo », prétendant défendre leur territoire contre les menaces extérieures. Cependant, cette appellation est souvent détournée par des éléments criminels qui exploitent la confusion pour commettre des exactions.
Les FARDC, soutenues par des initiatives locales et internationales, tentent de rétablir l’ordre dans la région. L’opération en cours à Biakato vise à démanteler ces réseaux illégaux et à protéger les populations civiles, souvent prises en étau entre les différents groupes armés.
Un appel à la vigilance et à la collaboration
Face à cette situation, les autorités locales et les défenseurs des droits humains appellent à la vigilance et à la collaboration de tous les acteurs pour mettre fin à l’impunité des groupes armés illégaux. Gilbert Kasereka Sivamwenda a insisté sur la nécessité de distinguer les vrais patriotes, engagés dans la défense légitime de leur territoire, des criminels qui exploitent le chaos à des fins personnelles.
L’opération des FARDC à Biakato représente un pas important dans la lutte contre l’insécurité dans l’Ituri. Cependant, pour garantir une paix durable, il est essentiel de renforcer les mécanismes de gouvernance locale, de désarmer les groupes armés illégaux et de promouvoir le dialogue entre les communautés. Seule une approche globale et coordonnée permettra de mettre fin au cycle de violence qui frappe cette région depuis trop longtemps.