Excellence Monsieur le Ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation de la République du Congo,
Excellence Monsieur le Ministre à la Présidence de la République chargé de la Défense nationale de la République du Congo,
Monsieur le Vice- Ministre de la Décentralisation et Affaires coutumières,
Monsieur le Vice- Ministre de la Coopération internationale,
Messieurs les Experts,
Distingués Invités,
Au nom du Gouvernement de la République Démocratique du Congo, je souhaite la bienvenue à Kinshasa à la très forte délégation de la République du Congo aux travaux de la 4ème session de la Commission spéciale Défense et Sécurité entre la République Démocratique du Congo et la République du Congo, que conduisent respectivement le Ministre de l’intérieur et de la Décentralisation, Monsieur Raymond Zéphirin Mboulou, et le Ministre à la présidence de la République, chargé de la Défense nationale, Monsieur Charles Richard Mondjo.
Excellences Messieurs les Ministres,
Lorsque les délégations de nos deux pays respectifs se sont séparées, le 06 mars 2014, à Oyo, en République du Congo, à la fin des travaux de la troisième session spéciale Défense et Sécurité, rien, absolument rien ne présageait les événements qui ont suivi, un mois seulement après, à Brazzaville, par rapport aux populations de la République Démocratique du Congo vivant dans ce pays.
La décision, pourtant légitime, d’éloigner les étrangers en situation irrégulière ou mêlée à des actes ignobles de banditisme ou à toute autre forme de criminalité, a vite loupé sa dose de régularité, puisqu’ayant violé l’esprit et le contenu de la Convention tripartite du 03 décembre 1999 entre la République du Congo, votre pays, l’Angola, un autre pays voisin, et la République Démocratique du Congo, notre pays. L’effet de surprise pour nous, la brutalité et la violence qui ont accompagné ce mouvement, ont occasionné des dérapages dommageables.
Et pourtant, les résolutions prises à l’issue de la session d’OYO faisaient remonter à nos esprits à tous, la convivialité et l’esprit de fraternité que laissait transpirer le texte de la convention sus-évoquée.
Je me permets, à titre de rappel, d’en épingler quelques-unes :
« Concernant l’examen des questions de migrations, la partie RDC a transmis à la partie RC les derniers amendements relatifs au projet de Convention sur la circulation et l’Etablissement des personnes et des biens. La partie RC en a pris acte et transmettra à la partie RDC ses observations par voie diplomatique.
S’agissant de la lutte contre l’immigration clandestine, la Commission s’est félicitée de la baisse progressive de ce phénomène.
Concernant les conditions de trafic et de traversée sur le fleuve, le traitement des ressortissants des deux Etats, les deux délégations se sont félicitées de la baisse significative des observations antérieures.
En ce qui concerne les problèmes relatifs aux réfugiés ressortissants de la RDC vivant en République du Congo, la troisième Commission Tripartite République du CongoRépublique Démocratique du Congo-Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, tenue à Brazzaville, le 14 février 2014, a décidé de l’arrêt des opérations de rapatriement au 30 juin 2014, pour des raisons de contraintes budgétaires, évoquées par l’UNHCR.
Sur la sécurité le long de la frontière commune, les deux parties ont relevé avec satisfaction l’absence d’incidents nouveaux le long de la frontière commune...
S’agissant des îles querellées, des contacts sont pris régulièrement au niveau des commissions des frontières des deux Etats pour que la question soit abordée en toute responsabilité.
• Excellences Messieurs les Ministres,
• Messieurs les Vice-Ministres,
• Messieurs les Experts,
• Distingués Invites,
Après l’adoption de commun accord de ces résolutions, le Gouvernement de la République Démocratique du Congo est en droit de chercher à comprendre pourquoi le Gouvernement de la République sœur du Congo a provoqué des mouvements si indélicats qui ont entrainé le retour de plus de 130.000 de ses ressortissants sans en avoir prévenu au préalable le pays d’accueil et pays d’origine de ces expulsés et autres retournés forcés, et cela, en violation flagrante de la Convention sur l’établissement et la circulation des personnes et des biens, ci-haut évoquée.
Pourquoi, brusquement, ces expulsions massives sans aucun respect des droits humains, en faisant subir des exactions de tous ordres à ceux qui, hommes, femmes et enfants, croyaient être parmi leurs frères et sœurs, de par les liens historiques et de consanguinité existant entre les deux peuples ?
Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo voudrait aussi connaitre les motivations qui ont poussé les services de migration de la République du Congo à fouler aux pieds, de manière unilatérale, les accords existants, en refusant l’accès sur votre territoire à des ressortissants de mon pays, détenteurs des laisser-passer réguliers, ce qui a évidemment provoqué une réaction prompte de mon Gouvernement par l’application des mesures de réciprocité.
A titre illustratif, je cite les cas Kahasha Ehishu, LPI n°0674801a, Ngonde Rapha, LPI n°0857863a, Senga Numbi, LPI n°0857854a, Mwamba Matandi, Passeport de service n° SB 0016101, refoulés en date du 19 mai 2014 au Beach de Brazzaville aussitôt qu’ils venaient d’y accoster.
Revenant à ces expulsions et départs forcés, il faut souligner qu’ils ont été soutenus par une intense campagne médiatique de haine contre les populations de la République Démocratique du Congo, aggravant, du coup, une crise de confiance en République du Congo entre les populations de ces deux pays.
L’appel constant à l’apaisement de notre Chef de l’Etat, Son Excellence Joseph Kabila Kabange, a évité chez nous l’éclosion du sentiment de vengeance qui risquait d’affecter davantage nos relations.
Excellences Messieurs les Ministres,
Face à ce que d’aucuns considèrent comme une crise dans les relations entre nos deux pays, le Président de la République Démocratique du Congo, Son Excellence Joseph Kabila Kabange, n’a ménagé aucun effort pour chercher à y trouver les solutions concertées dans l’intérêt bien compris de nos deux peuples et de nos deux Etats.
Ainsi, a-t-il autorisé l’envoi d’un total de six missions à Brazzaville dont deux conduites auprès de son homologue congolais, Son Excellence Dénis Sassou Nguesso, respectivement par le Ministre des Affaires étrangères, Coopération internationale et Francophonie, et le Président du Sénat.
Tous les espoirs suscités de ces rencontres n’ont, cependant, pas encore arrêté la détermination de Brazzaville à expulser sans désemparer et toujours dans les mêmes conditions inhumaines les ressortissants de mon pays, ou à créer des conditions de retour forcé de nos compatriotes.
Les derniers chiffres en notre possession font état d’un total de 136.804 Congolais de la RDC expulsés et retournés forcés dont 46.154 hommes, 33.574 femmes et 57.076 enfants accueillis au pays par le Beach Ngobila, le port de Maluku, et d’autres entrées dans les provinces du Bandundu, du Bas-Congo et de l’Equateur.
Pas plus tard que le jeudi 29 mal, ils étaient arrivés, par les mêmes voies, au nombre de 315 dont 139 hommes, 88 femmes et 88 enfants. Le vendredi 30 mal 2014, ils étaient à 475 dont 225 hommes, 115 femmes et 135 enfants. Le samedi 31 mai, ils étaient à 454 personnes dont 186 hommes, 145 femmes et 135 enfants.
Hier, dimanche 1e 1er juin 2014, le Beach Ngobila a enregistré 199 expulsés et retournés forcés dont 85 hommes, 47 femmes et 67 enfants.
Les Provinces du Bandundu, du Bas-Congo, de l’Equateur ne cessent pas, non plus, de recevoir des refoulés et retournés forcés chaque jour qui passe.
Ces refoulements des Congolais de la République Démocratique du Congo dont certains ont été contraints d’abandonner leurs biens se déroulent dans des conditions dont le moins que l’on puisse en dire est qu’elles sont inacceptables.
• Excellences Messieurs les Ministres,
Vous m’autorisez de penser que votre arrivée à Kinshasa, à la tête de cette forte délégation congolaise, souhaitée par toutes nos deux parties et le Parlement panafricain, va permettre, après plusieurs occasions manquées, de décanter la crise née de ces expulsions.
La rencontre de ce jour devrait à mon entendement, permettre aux Experts des deux parties d’une part, d’évaluer l’opération des expulsions massives des Congolais de la RDC vivant en RC et d’en tirer les conséquences; et d’autre part, d’évaluer le niveau d’exécution des accords qui nous lient en matière de défense et sécurité et de réactiver la coopération interservices, au regard des engagements mutuels pris à la suite des différentes rencontres bilatérales.
• Excellence Monsieur le Ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation de la République du Congo,
• Excellence Monsieur le Ministre à la Présidence de la République chargé de la Défense nationale de la République du Congo,
• Monsieur le Vice-Ministre de la Décentralisation et Affaires coutumières,
• Monsieur le Vice-Ministre de la Coopération internationale,
• Messieurs les Experts,
• Distingués Invites,
Je ne peux terminer ce mot sans exprimer tous mes espoirs de voir nos deux délégations s’employer activement à mettre un terme aux problèmes frontaliers et de coexistence qui sont susceptibles de nuire à l’image des relations excellentes et historiques existant entre nos deux pays.
Je vous remercie.