D’après le Président de la CENI, l’Abbé Apollinaire Malumalu, le recensement de la population n’a aucune incidence directe sur l’organisation de l’élection présidentielle de 2016. A la seule condition de ne pas la coupler aux législatives qui sont, elles, conditionnées aux conclusions du recensement administratif. La faute est ainsi attribuée  aux Députés nationaux qui, en son temps,  avaient introduit une disposition dans la loi organique faisant du recensement administratif un préalable à la tenue des élections législatives. La CENI n’y est pour rien.  Apollinaire Malumalu s’est prêté aux questions de  Jeune Afrique, dans une interview exclusive à laquelle La Prospérité, dans son immuable souci de recherche de l’information,  a eu accès sur la toile.  Il y a lieu de retrouver, ici, vers la fin de cet article,    l’intégralité  de ses propos tels qu’il les  a tenus dans ce magazine panafricain. Tout est à prendre au sérieux !
Le Président de la CENI vient de donner de ses nouvelles juste quelques jours après le discours annuel du Chef de l’Etat qui a responsabilisé davantage la centrale électorale dans ses missions. La sortie médiatique de Malumalu doit avoir répondu à la volonté de couper l’herbe sous les pieds de ses détracteurs, ceux-là mêmes qui le soupçonnent de faire le lit de la Majorité présidentielle. Il s’en défend. Apollinaire Malumalu se lave les mains, comme on dit souvent. Très tôt, découvre-t-on dans Jeune Afrique, il avait tiré l’attention des responsables  politiques sur l’impact que pourrait avoir le recensement administratif sur le processus électoral.
Une session houleuse
Les Députés nationaux ont un choix à faire. Délimiter les circonscriptions électorales en fonction du nombre des électeurs enrôlés ou les délimiter en fonction du nouveau recensement. Aux Concertations nationales de 2013, la majorité des délégués avaient opté pour le recensement administratif. Cela présume que la session parlementaire, qui s’ouvre le 5 janvier 2015, s’annonce houleuse. En effet, le Président Kabila a, dernièrement, instruit le Parlement de doter la CENI des lois dont elle a besoin pour programmer les élections. Avec la formation du nouveau Gouvernement dit de cohésion nationale, la Majorité présidentielle s’est élargie. L’Opposition Républicaine et certains membres du MLC sont montés dans le bateau. En revanche, l’Opposition parlementaire est davantage devenue minoritaire. On voit mal comment  cette Opposition gagnerait  une quelconque bataille parlementaire. 
L’ONIP en action
Si la Majorité ne voulait pas subordonner l’organisation des élections législatives et présidentielle au recensement administratif, pour quelle raison aurait-on pu instituer l’ONIP en lui octroyant un budget colossal de 500 millions de dollars ? Qui plus, lors de la présentation de l’équipe dirigeante de l’ONIP, le désormais ex-Ministre de l’Intérieur, Muyej Mangez, avait clairement dit que la CENI devrait attendre les données de l’ONIP sur le recensement de la population. La révision de la Constitution est devenue inutile. Personne, si l’on en croit le Président de la CENI, n’a pris l’initiative de réviser les articles verrouillés de la Constitution. Malumalu demande, d’ailleurs, qu’on arrête d’agiter la population. Qu’on arrête aussi d’écrire les livres sur le sujet. L’Abbé-Président, comme tout citoyen congolais, milite pour le respect de la Constitution, notamment sur le respect de la limitation du nombre de mandats présidentiels.
Priorité aux locales
La priorité à la CENI, c’est l’organisation des élections locales. Parce que, fait-on savoir, la RDC est un pays fortement décentralisé. De nombreux  conseils municipaux n’ont jamais été élus, mais nommés. Les élections locales sont, de l’avis du Président de la CENI, une urgence pour stabiliser le pays. Les élections provinciales, sénatoriales et des Gouverneurs peuvent attendre.
La Pros.
INTERVIEW
Abbé Malumalu : "En tant que citoyen, je souhaite que la Constitution de la RDC soit respectée"
Le prêtre est à la tête de la Ceni depuis juin 2013. © Gwenn Dubourthoumieu pour J.A.
Faut-il organiser les scrutins locaux avant la présidentielle et les législatives de 2016 en RDC ? Non, selon l'opposition, qui redoute un report de ces échéances nationales. Oui, dit le président de la Ceni, l'abbé Apollinaire Malumalu Muholongu.
Apollinaire Malumalu Muholongu, 53 ans, est un prêtre catholique du diocèse de Beni-Butembo, dans le Nord-Kivu, sa province natale. De retour à Butembo en 1997 après avoir obtenu un doctorat en sciences politiques à Grenoble (où il fut curé de 1993 à 1996) et un DEA à Lyon, c'est en 2003 que l'abbé fait son entrée dans la vie politique congolaise. Il est alors nommé expert au service d'études stratégiques attaché au cabinet du chef de l'Etat et désigné membre de la Commission électorale indépendante (CEI), qu'il présidera jusqu'en 2011.
Depuis son retour, en juin 2013, à la tête de l'institution (rebaptisée Commission électorale nationale indépendante, Ceni), il s'attelle à organiser les élections urbaines, municipales et locales de façon qu'elles se tiennent dès 2015. Une démarche très critiquée par certains partis d'opposition, qui craignent un report de la présidentielle prévue en 2016.
Jeune Afrique : La Conférence épiscopale nationale du Congo s'était prononcée contre la désignation d'un membre du clergé catholique à la tête de la Ceni. N'avez-vous pas violé sa "consigne" ?
Apollinaire Malumalu : Je n'ai jamais été candidat à ce poste. Je suis revenu à la Ceni parce que j'ai été choisi par les confessions religieuses, l'une des composantes de la société civile chargées de désigner l'un de ses membres. Les huit confessions devaient élire la personnalité la plus compétente pour les représenter, sur des critères bien définis. J'ai obtenu 7 voix sur 8, le suffrage de l'Église catholique étant le seul à ne pas se porter sur moi. Cela dit, je reste prêtre diocésain. Il appartenait à l'évêque [du Nord-Kivu] de décider si je pouvais être membre de la Ceni ou pas. Après s'être concerté avec ses pairs, il a accepté.
Pour stabiliser le pays, nous estimons que la tenue d'élections locales est une urgence.
Et que répondez-vous à ceux qui vous accusent d'être proche du président Kabila et de vouloir faciliter sa réélection ?
Il faut éviter de vouloir trop personnaliser les choses. Je n'ai jamais travaillé avec Joseph Kabila dans un cadre qui ne soit pas institutionnel ! En outre, les décisions de la Ceni sont prises de manière collégiale avec les autres membres du bureau, qui sont issus de la majorité, mais aussi de l'opposition parlementaire. Alors de quoi parle-t-on ?
La plateforme Sauvons la RDC estime que le cycle engagé en novembre 2011 avec la présidentielle et les législatives devait se poursuivre avec les sénatoriales et l'élection des gouverneurs. Pourquoi avoir décidé de faire passer avant les élections urbaines, municipales et locales ?
La loi électorale, telle qu'elle a été modifiée pour les scrutins de 2011, porte sur toutes les élections, et c'est pure cécité que de penser que les locales n'étaient pas prévues. Nous sommes dans un État fortement décentralisé. Pourtant, de nombreux conseils municipaux n'ont jamais été élus et l'on continue à nommer l'exécutif de ces collectivités [en avril 2012, le gouvernement a créé des centaines de nouvelles entités : au moins 3 villes et 10 communes dans chacune des 10 provinces du pays, hors Kinshasa].
On ne peut pas faire comme si de rien n'était ! Le passage de 21 à 88 villes et de 97 communes urbaines et non urbaines à 601 constitue un énorme bouleversement sur le plan local. Dans ces conditions, pour stabiliser le pays, nous estimons que la tenue d'élections locales est une urgence.
Ne risquent-elles pas de retarder l'organisation de la présidentielle ?
Pour le moment non. En revanche, pour les élections des députés nationaux, le législateur a introduit dans la loi organique une disposition selon laquelle le recensement administratif doit être fait préalablement à la tenue du scrutin. Très tôt, sans ambages et en toute transparence, la Ceni a attiré l'attention des responsables politiques sur ce problème. Ils ne peuvent pas dire qu'ils ne savent pas.
Il leur appartient de revenir, ou pas, en arrière. C'est-à-dire de revenir à la délimitation des circonscriptions électorales en fonction du nombre d'électeurs, telle qu'elle existait auparavant, et non en fonction du nouveau rescensement. Si l'on n'accepte pas de la déconnecter des législatives, la présidentielle risque d'être rattrapée à son tour par ce problème.
Que pensez-vous du débat sur une éventuelle révision de la Constitution ?
Concernant les articles verrouillés de la Constitution, personne n'a pris l'initiative de leur révision. Tout le reste n'est que spéculation.
C'est un débat légitime, mais il ne doit pas se transformer en procès d'intention. Il faut arrêter d'agiter la population, d'écrire des livres sur le sujet... En tant que citoyen, je souhaite que la Constitution soit respectée et je note que pour l'instant, concernant les articles verrouillés [portant notamment sur la limitation du nombre de mandats présidentiels], personne n'a pris l'initiative de leur révision. Tout le reste n'est que spéculation.
Treize... à la Ceni comme à la cène
Depuis la loi du 27 avril 2013, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) compte 13 membres : 6 désignés par la majorité (dont 2 femmes), 4 par l'opposition (dont 1 femme) et 3 par la société civile. Parmi ces derniers, l'un doit être élu par les associations d'éducation civique et électorale, un autre par les associations de défense des droits de la femme, le dernier par les 8 confessions religieuses du pays.
Le bureau de la Ceni, élu le 7 juin 2013, est composé quant à lui de 6 membres. Présidé par l'abbé Malumalu (société civile), il compte 3 représentants de la majorité - André Pungwe, du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), Onésime Kukatula, du Parti lumumbiste unifié (Palu), et Chantal Ngoyi, du Mouvement social pour le renouveau (MSR) - et 2 de l'opposition : Jean-Pierre Kalamba, de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), et Micheline Biye Bongenge, du Mouvement de libération du Congo (MLC).
Propos recueillis par Trésor Kibangula


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