Affaire Kubla:la presse dévoile l'implication d'une maîtresse de Joseph Kabila"Odette Maniema" (vidéo)
C'est "Le" fait qui a déclenché "l'affaire Kubla". Début juin 2014, le parquet fédéral est averti de la disparition du comptable belge Stephan De Witte par les Affaires étrangères. Une disparition qualifiée "d’inquiétante". Aujourd'hui, une extravagante femme d'affaires africaine, "Princesse Odette", est suivie de près par les enquêteurs. Est-elle le chaînon manquant qui permettra de démêler l'écheveau de cette disparition ? Une enquête de la RTBF en collaboration avec Paris Match.
La dernière fois que le comptable a été aperçu vivant c’est au jardin botanique de Kisantu à 120 km de Kinshasa. L’enquête est alors confiée au juge d’instruction Michel Claise car, très vite, il est question de liens complexes entre sociétés en Belgique et au Congo. Le nom de Duferco apparaît très vite dans les organigrammes. Et en tirant sur le fil le juge découvre la présence d’un autre homme de Duferco : Serge Kubla.
Les documents comptables et financiers saisis par les enquêteurs amènent alors le juge à ouvrir un "dossier bis" pour "corruption d’agents étrangers" un dossier qui porte un autre numéro de notice. Et qui est désormais confié à une autre équipe d’enquêteurs. Dans le volet "disparition" Serge Kubla n’a été entendu à l’automne dernier qu’en qualité de simple témoin. Et rien ne lui est reproché.
Répartition des rôles pour faire des affaires au Congo
Points communs entre les deux "intermédiaires": le Congo mais aussi des administrateurs de Duferco, dont Antonio Gozzi.

Le lien entre le comptable Stephan De Witte et Duferco est une longue histoire commencée dès l’arrivée du groupe sidérurgique en Wallonie fin des années 90. C’est à cette époque où Serge Kubla est à la direction de l’Economie wallonne (1999-2004) que le nom de Duferco sera étroitement associé à celui de la Région wallonne (via ses filiales publiques, la Sogepa et la FSIH) pour sauver les emplois dans la sidérurgie.
Stephan De Witte, l’homme de confiance de Duferco en RDC
Dix ans après leur arrivée sur le terrain wallon, ce n’est pas un hasard si les administrateurs de Duferco font appel à Stephan De Witte pour s’aventurer sur le terrain congolais. Leur homme de "confiance" avait manifesté déjà l’envie d’étendre ses activités et d’élargir ses horizons… Il a donc saisi l’opportunité offerte par Duferco pour "prospecter" le marché congolais.
Suivre le circuit de l’argent
Stephan De Witte ne part pas au Congo les mains vides. Des capitaux sont mis à sa disposition pour lui permettre de réaliser ses missions au Congo. Plusieurs sociétés basées au Grand-Duché du Luxembourg et en Wallonie sont impliquées dans ces transferts. Point commun, on y retrouve les noms d’administrateurs de Duferco. La comptabilité de ces sociétés a été mise à la disposition des enquêteurs. Mais à ce stade, personne n’a fait l’objet d’une inculpation.
Nous avons retrouvé aussi la trace de Stephan De Witte actionnaire dans la filiale de Duferco à Dublin, une société qui a bénéficié de transfert d’argent public en 2006 au moment où Duferco s’est rapproché de la société NLMK.
Ce que l’enquête a établi c’est qu’on retrouve le nom de Stephan De Witte en association avec plusieurs sociétés actives dans le secteur des loteries, des jeux et des paris sportifs. Un domaine qui n’a pas grand-chose à voir avec le secteur d’activité traditionnel de Duferco.
Une femme d’affaires congolaise devenue injoignable au centre de l'attention
Il est aussi question de Stephan De Witte dans la gestion du plus grand jardin botanique du Congo à Kisantu. C’est là qu’il disparaît début juin 2014. Six mois plus tôt, il occupait un poste de directeur général dans ce jardin. Avec l’objectif de moderniser le site ( 225 hectares) pour augmenter la fréquentation des touristes sur ce lieu situé à 120 km de Kinshasa.
Mais c’est une femme d’affaires congolaise devenue la compagne de Stephan De Witte en 2012, "Princesse Odette Maniéma Krempin", à la tête de plusieurs sociétés au Congo que les enquêteurs belges veulent entendre. Car c’est elle qui avait obtenu de l’Etat congolais une concession pour gérer le jardin botanique. "Princesse Odette" comme on l’appelle familièrement dans les médias congolais est aussi très connue dans la région de Francfort. Elle y dispose d’une résidence et préside aussi la chambre de commerce locale germano-congolaise.