Il n’y a plus eu de rencontre entre sociétaires de la Majorité Présidentielle (MP) dans la ferme présidentielle de Kingakati, à 80 Km à l’Est de Kinshasa, depuis la défaite subie par les jusqu’au-boutistes à l’origine du débat sur la révision constitutionnelle, il y a plusieurs mois. Hier dimanche, 22 mars 2015, le Président Joseph Kabila, Autorité morale de la MP, a finalement repris l’initiative de convoquer le Bureau Politique élargi aux présidents des Groupes parlementaires et des Regroupements politiques. Personne n’a manqué à l’appel, le point inscrit à l’ordre du jour étant d’une importance vitale pour la famille politique du Président. Il s’agissait de débattre du contenu de la lettre du G7 (MSR de Pierre Lumbi, ARC d’Olivier Kamitatu, UNADEF de Mwando Nsimba, PDC de José Endundo, ARCO, UNAFEC de Kyungu et MSDD de Lutundula) adressée au Président de la République sur les perspectives d’avenir à l’approche des échéances de 2016. Une lettre dont aucun journaliste congolais n’a réussi, du moins jusque-là, à se taper une copie. L’initiative du G7, comme l’on pouvait s’y attendre, n’avait pas été appréciée par ceux qu’on qualifie de faucons de la Majorité Présidentielle. Dans ces conditions, la réunion de Kingakati d’hier, dimanche 22 mars 2015, promettait de l’électricité dans l’air. Sa bonne tenue dépendait totalement de l’attitude du Président Joseph Kabila. Il a pris suffisamment de la hauteur, a confié un cadre de la MP à La Prospérité. Si Joseph Kabila a introduit la rencontre, il s’est très vite retiré pour laisser ses lieutenants débattre sans pression, ni la moindre entrave. Mais, avant de se mettre à l’écart, le Président a pris soin de fixer les bornes. Pas question de cracher sur la cohésion et la consolidation de l’unité au sein de la MP. Comme qui dirait : tout est permis mais tout n’est pas utile. Il semble que la mise en garde de Kabila contre les excès de langage n’a pas suffi, pour calmer les ardeurs des uns et des autres. Les deux camps de la Majorité se sont livrés à une joute oratoire acerbe. Ils se sont rentrés dedans. On sait, évidemment, que la Majorité a montré des signes de division autour de la révision avortée des dispositions intangibles de la Constitution, de l’examen et adoption de la loi électorale, de l’applicabilité du calendrier électoral, du découpage territorial ainsi que de l’installation de nouvelles provinces. Ils sont encore très divisés sur la façon de conserver le pouvoir après 2016. Pour les uns, l’actuelle majorité doit se maintenir quel qu’en soit le prix. Pour les autres, il faudrait préparer une alternance à l’interne. Des divergences que l’on ne peut surmonter en une réunion de quelques heures. Les envolées oratoires étaient d’une telle ampleur qu’une pause a été nécessaire, le temps de prendre un peu de distance psychologique. A la reprise et au bout du compte, il fallait trouver quelque chose à présenter à l’Autorité morale. Pas grand-chose à se mettre sous la dent dans tous les cas. Il n’y a pas eu un accord formel. Ils ont juste levé l’option de multiplier des rencontres pour harmoniser les points de vue. Qu’à cela ne tienne, le rétablissement du contact entre l’aile dure et l’aile modérée de la Majorité Présidentielle constitue un signal fort. C’est déjà un début de dialogue à l’interne en attendant, le cas échéant, de s’ouvrir, certainement, plus tard, à l’Opposition. Pour la première fois, le Président Joseph Kabila a pris ses distances comme un arbitre. Il n’a soutenu aucun camp. A force égale, on verra qui de l’aile dure réputée révisionniste et de l’aile modérée l’emportera. Pour les observateurs avertis, la voie du forcing est sans issue. Car, toutes les tentatives allant dans ce sens n’ont rien donné. L’heure a sonné, pour la Majorité, d’envisager autrement son avenir. Le temps étant, naturellement, compté.
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