L’idée de l’UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social) de tout arrêter avant la mise en route du processus électoral de 2014-2016 en vue de résoudre la crise de légitimité au sommet de l’Etat et de dégager un calendrier consensuel, totalement ignorée par la Majorité et boudée par une partie de l’Opposition jusqu’aux journées chaudes du 19 au 23 janvier 2015, commence à faire tache d’huile. Parmi ses chaudes partisans du moment se comptent à la fois des membres de la famille politique du Chef de l’Etat et pratiquement l’écrasante majorité des affiliés de l’Opposition tant parlementaire qu’extraparlementaire.

Le dernier acte d’adhésion à la démarche du parti d’Etienne Tshisekedi est intervenu le vendredi 27 février 2015, lorsque plusieurs sociétaires de l’Opposition se sont retrouvés au siège des Fonus pour faire état du projet de contre-calendrier électoral global qu’ils comptent soumettre sous peu à la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) afin de prévenir le glissement quasi certain de celui rendu public le jeudi 12 février 2015. Ils en appellent à un dialogue entre cette institution d’appui à la démocratie ainsi que les forces politiques et sociales, toutes tendances confondues, sous la médiation de la communauté internationale.

Beaucoup de temps perdu…

Au moment où l’UDPS réclamait un dialogue inclusif, sous la médiation du patron de la Monusco (Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation au Congo), après la publication par la CENI, en janvier 2014, d’un calendrier électoral partiel, la Majorité Présidentielle ainsi que quelques partis de l’Opposition avaient préféré souscrire à l’option de l’organisation des Concertations nationales (septembre-octobre 2014). L’état des lieux de la Nation, fait selon la vision de la famille politique du Chef de l’Etat, avec comme apothéose la promesse de la mise en place d’un gouvernement de « large cohésion nationale », avait paru aux yeux de certains comme la panachée pour réconcilier les Congolais et corriger la fracture socio-politique née à la suite des fraudes et frustrations électorales de 2011.

Selon la vision des participants à ce forum, la voie de la réconciliation nationale était suffisamment balisée. Par conséquent, la requête de l’UDPS, que d’aucuns considéraient comme un agenda caché visant le « partage équitable et équilibré » des postes, dans le pur style de Sun City, était déclarée sans objet. Mais, au lendemain des Concertations Nationales, l’on a assisté à de fortes turbulences dans les états-majors politiques de la Majorité comme de l’Opposition, en vue du partage des portefeuilles ministériels. Les déceptions engendrées par les absences de plusieurs candidats ministrables de la liste du gouvernement Matata II ont créé de nouvelles fissures au sein de la classe politique congolaise et ramené nombre d’aigris sur le chemin du Dialogue.

Quant aux leaders politiques de l’Opposition rassemblés, à un moment donné, sous la bannière de la « Coalition pour le Vrai Dialogue », certains s’étaient aussi éloignés de la thèse de l’UDPS, au point que ce parti politique est resté presque seul à réclamer une « table ronde » entre les hommes au pouvoir et les « exclus » des institutions de la République, afin d’auditer la Nation et de se mettre d’accord sur les pistes de sortie de la crise.

Il a fallu les violentes manifestations de rue contre le vote, par l’Assemblée Nationale, du projet de loi portant modification de la Loi électorale, avec l’alinéa 3 de l’Article 8, synonyme de la subordination des élections au recensement et à l’identification, mais aussi de la prolongation automatique du mandat présidentiel et de ceux des animateurs actuels des institutions de la République, pour assister à un brutal éveil des consciences. La publication, par la CENI, d’un calendrier électoral global plein de pièges destinés à provoquer un glissement du processus électoral, a fini de convaincre presque l’ensemble de l’Opposition de l’impératif de retourner absolument à la table des négociations avant d’arriver aux échéances électorales.

Mais, que de temps perdu pour parvenir à comprendre que sans dialogue, il est impossible d’obtenir un calendrier électoral réellement global et réaliste, et de respecter le chronogramme électoral ! Mais exiger de réfléchir sur un calendrier électoral consensuel est une chose, et convaincre la CENI de l’opportunité d’une telle démarche en est une autre. La grande bataille à mener maintenant par l’Opposition parlementaire, dont des délégués siègent au sein de cette institution, et l’Opposition extraparlementaire, c’est de constituer un solide franc commun réellement acquis au Dialogue. Sans de nouvelles et fortes pressions politiques, la CENI va continuer à agir selon les desiderata de la majorité au pouvoir, à moins qu’une fois de plus, la « rue » ne s’invite au débat, comme en janvier dernier, pour remettre les pendules à l’heure.

La RDC aurait peut-être déjà dépassé l’étape du dialogue inclusif et partant du calendrier global réellement consensuel si tout le monde avait, il y a deux ou trois ans, accepté d’admettre les risques d’implosion dans un pays malade de la crise de légitimité au sommet de l’Etat. Cette fois, les germes d’une nouvelle situation explosive étant plantés, au regard du malaise qu’installe la perspective de glissement du processus électoral, le mieux serait que les décideurs politiques ne restent pas sourds aux appels répétés au dialogue qui fusent de partout.
Kimp



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