Si tous soulignent les avantages du dialogue pour le pays, ils n’en ont pas la même perception. Joseph Kabila parle d’un dialogue, sous sa convocation, qui viendrait régler les obstacles au processus électoral. Les Evêques membres de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), tout en insistant sur le respect de la Constitution, font une proposition concrète du réaménagement du calendrier électoral : report des locales pour 2017, organisation des provinciales, législatives nationales et la présidentielle en 2016. Etienne Tshisekedi exhume le contentieux électoral de 2011 pour, enfin, entamer le processus électoral 2015 – 2016 sous une médiation internationale en respect à l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et les Résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU.

Après les discours, l’heure est au décryptage. Dans les rédactions, les analystes politiques se creusent le cerveau pour lire entre les lignes ce que les uns et les autres ont voulu dire derrière des formules alambiquées. Le Président Joseph Kabila, pour commencer, a pointé quatre obstacles susceptibles de plonger le processus électoral dans l’impasse ou d’engendrer des conflits de tous ordres. D’un, le calendrier électoral global, exigé puis rejeté par l’Opposition après sa publication. De deux, le financement des élections dont le coût global est évalué à plus d’un milliard Usd. De trois, l’enrôlement sur les listes d’anciens mineurs devenus majeurs. De quatre, la sécurisation du processus électoral. Sur toutes ces questions, il n’y a pas de divergence majeure entre les différents acteurs politiques et sociaux. Les Romains s’empoignent dès lors que l’on évoque le respect des délais constitutionnels. Dans son discours, Joseph Kabila n’a fait aucune allusion directe à la Constitution. Il a mis l’accent sur les réalisations de son Gouvernement et l’ambition de faire du Congo, un pays émergent dans une quinzaine d’années. Or, ses pourfendeurs attendaient de lui qu’il manifeste clairement ses intentions sur la fin de son second et dernier mandat. Ils auront attendu longtemps mais en vain. Du coup, les obstacles soulevés par le Président deviennent des prétextes pour ses opposants. Le silence du Président Joseph Kabila sur son avenir politique agace, plus d’une fois, ses adversaires politiques. Car, comment l’accuser de vouloir se maintenir au pouvoir au-delà de son mandat quand il affirme publiquement sa foi au processus électoral ? Plutôt que de suivre les belles paroles, les sceptiques entendent le juger par des actes. En politique, en effet, les mots sont muets et les actes parlent d’eux-mêmes. Le pays, comme l’a si bien dit le Président, n’a pas assez d’argent pour décaisser plus d’un milliard de dollar américain sur un budget de l’Etat arrêté à environ 9 milliards. Tout en déplorant la modicité des ressources financières, Joseph Kabila tient à faire avancer la question de la réforme territoriale et de l’installation de nouvelles provinces. Un processus aussi complexe que financièrement prohibitif. Christophe Lutundula, Député de la Majorité, évaluait le coût du découpage territorial à quelque 30 milliards Usd. Au même moment, le pays a tendance à renoncer à l’aide internationale. D’ailleurs, les étrangers sont poliment priés de se tenir à l’écart du dialogue réservé, d’après le Chef de l’Etat, aux nationaux. C’est ici que naît la grande contradiction avec Tshisekedi. Celui-ci veut aller au dialogue sous une médiation internationale. Il y a ensuite la question de l’impérium qui refait surface. Si des positions sont tranchées, il faudrait négocier séparément avec les protagonistes. D’où, la nécessité d’une personnalité neutre. En principe, Etienne Tshisekedi devrait préciser sa pensée quand il parle du contentieux électoral de 2011. Que veut-il exactement ? Un partage du pouvoir ? Une nouvelle transition ? On ne tardera pas à le savoir.



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