*Arrêtez de spéculer ! Il n’y a pas de plainte formulée contre les collaborateurs du Chef de l’Etat. Le PGR, Flory Kabange Numbi, parle, lui, d’une simple dénonciation, sans noms. D’ailleurs, certains faits évoqués dans le document n’ont jamais fait l’objet d’une enquête judiciaire. Mais, dans l’opinion, l’affaire aurait pris, par contre, une tournure politicienne si bien qu’au lieu de faire avancer la justice, elle remet, paradoxalement, en cause l’opération anti-corruption. Y aurait-il une main noire, pour saboter le travail de la justice ou, à la limite, pour tenter de la désorienter ? Finalement, à qui profite le crime ?
Comment dédramatiser l’affaire de la dénonciation du Conseiller Spécial anti-corruption du Président de la République, Luzolo Bambi, à l’encontre de certaines personnalités du régime, auprès du Procureur général de la République ? Le PGR, Flory Kabange Numbi, s‘y est essayé, le 2 juillet dernier, sans vraiment parvenir à arrêter la tournure politicienne que prend cette affaire. Une dizaine de jours après sa mise au point, la dénonciation est devenue le principal sujet de conversation dans les rues de Kinshasa et les gens attendent voir comment cette affaire qui ressemble à un procès du régime, va évoluer. Pourtant, le PGR n’a pas reconnu au Conseiller Spécial anti-corruption la qualité de plaignant, si ce n’est que celui d’un simple dénonciateur. Au fait, le document de Luzolo ne résulte pas d’une enquête judiciaire. C’est, d’ailleurs, le travail que font actuellement, en toute discrétion, les services du PGR. Qui plus, il n’y a aucun nom. Or, dans la presse, plusieurs personnalités du régime sont expressément citées. Que dire alors de l’honneur et de la dignité de plusieurs dirigeants épinglés ? En principe, en attendant de réunir les preuves et établir les faits, tous jouissent pleinement de la présomption d’innocence. Un jour après la sortie médiatique du PGR, le Premier Ministre a signé et rendu public un communiqué à l’attention des journalistes. Matata Ponyo trouvait farfelu que certains faits dénoncés ne soient pas forcément vrais. Il défendait, au passage, deux des ses Ministres mis en cause dans les fac-similés en circulation et qui reste, bien sûr, à authentifier. Le Premier Ministre rassurait, à qui voulait bien l’entendre, que l’achat des bus Transco, par exemple, s’était effectué dans une procédure conforme aux normes légales. Et, donc, sans microbe, ni fioriture. Dans des milieux proches des membres du Gouvernement, toutes les rumeurs autour de la dénonciation sont à mettre dans le compte de détracteurs qui auraient juré de casser la relance de l’économie du pays. De plus en plus, l’affaire ressemble à une chasse aux sorcières. D’autres parlent d’une guerre de positionnement au sein de la famille politique présidentielle en prévision des élections de 2016. Ainsi, il y a lieu de regretter que l’opération «Mains propres» du Spécial Luzolo Bambi ne produise pas l’effet escompté. La démarche ne serait salvatrice que si elle avait permis de couler, dans les règles, les intouchables qui bénéficieraient de privilèges dans l’appareil étatique. Mais, la publicité médiatique, aux accents sensationnels, qui avait entouré le dépôt de cette dénonciation, donne plutôt à cette démarche, des élans purement politiciens. Pendant que le PGR enquête pour établir la véracité des faits, le Conseiller Spécial Luzolo Bambi devrait, pour sa part, chercher à découvrir qui, dans son entourage, s’est permis de ‘‘fuiter’’ le document de dénonciation dans la presse. Car, le traitement de ce dossier rame à contre-courant de la discrétion qui devrait, raisonnablement, caractériser un tel travail, au sommet de l’Etat. Y aurait-il une main noire ? A qui profite, finalement, le crime ? Telle est la question à laquelle les initiateurs de ce brûlot devraient, en définitive, répondre, s’ils rebondissaient avec des preuves de toutes ces accusations.
La Pros.