La justice congolaise a décidé vendredi de poursuivre deux activistes congolais arrêtés mi-mars, rejetant leur demande de n'est pas tenir compte des procès-verbaux établis par l’Agence nationale des renseignements (ANR) lors de leur détention au secret, a-t-on appris auprès de la défense.
"Le tribunal de grande instance de la Gombe, à Kinshasa, a rejeté aujourd’hui [vendredi] la demande de Fred Bauma et Yves Makwambala de ne pas prendre en compte les procès-verbaux établis par l’ANR", a déclaré à l’AFP Me Sylvain Lumu, un des avocats commis à leur défense.
Me Lumu affirme que les déclarations contenues dans ces documents ont été "obtenues sur base de la torture", et dénonce "un simulacre de justice" et une obstination à vouloir condamner les deux hommes.
MM. Bauma et Makwambala sont poursuivis notamment pour complot contre la personne ou la vie du chef de l’État et tentative de renversement des institutions.
Tous deux ont été arrêtés le 15 mars à Kinshasa avec une trentaine de personnes parmi lesquelles trois activistes sénégalais et un Burkinabè, lors d'une réunion d'échange sur la bonne gouvernance en Afrique organisée par le collectif Filimbi ("Coup de sifflet" en swahili), qui se présente comme une plate-forme non-artisane et non-violente de mouvements d'éducation à la citoyenneté.
Les quatre activistes étrangers ont été expulsés le 18 mars. Les militants congolais ont été relâchés au compte-goutte à l'exception de M. Bauma, un des meneurs de la Lutte pour le changement (Lucha), basée à Goma (est de la RDC) et de Yves Makwambala, webmaître et graphiste de Filimbi.
Mi-juin, un ensemble d'ONG de défense des droits de l'Homme congolaises et internationales avait demandé la libération "sans condition" de MM. Bauma et Makwambala. Quelques jours plus tôt, un rapport d'enquête parlementaire congolais avait conclu, contre les autorités, que Filimbi n'avait rien d'un mouvement "terroriste".
Le climat politique est très tendu en RDC à l'approche de l'élection présidentielle prévue pour novembre 2016, à laquelle la Constitution interdit au président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, de se présenter.
L’opposition et une partie de la majorité soupçonnent le chef de l’État de vouloir tout faire pour se maintenir au pouvoir au-delà du terme de son mandat.
Depuis janvier plusieurs opposants, défenseurs des droits de l’Homme et activistes opposés à l’idée d’un nouveau mandat du président ont été arrêtés.