
Quelques jours seulement après, Tshisekedi fils réaffirmait les mêmes exigences devant Saïd Djinnit, l’Envoyé spécial de Ban Ki-moon chargé, à juste titre, de cerner les contours dudit dialogue, peu après son bref séjour à Kinshasa et en marge d’une rencontre de quelques minutes dans les locaux de l’Union Africaine, à Bruxelles. Hier encore, c’est Félix Tshisekedi, le même, qui a pris langue avec Moïse Katumbi, l’ex-Gouverneur de l’ex-Katanga. Cette fois-ci, le langage a changé. Et, les stratégies aussi. Il semble que les deux personnalités auraient conclu un deal axé, curieusement, sur l’alternance démocratique en 2016. L’Udps, un parti, plusieurs interlocuteurs. Pour preuve, à Kinshasa, pendant ce temps, Joseph Kapika est, lui aussi, monté au créneau, hier, jeudi 10 décembre 2015. Au-delà de la question de la médiation internationale, devenue presqu’une épine dorsale des revendications de l’Udps, Kapika a, cependant, rappelé la problématique du format, voulu, selon lui, entre deux camps, constitués, d’une part, de tous ceux qui avaient accepté les résultats des élections 2011 et, d’autre part, de tous ceux qui les avaient rejetés. Autrement dit, le jour où l’on aura résolu l’affaire de la facilitation internationale, il faudra encore vider celle de la participation bipolaire des délégués au Dialogue. C’est-à-dire, entre la Majorité (Pouvoir) et l’Udps (Opposition). La Société civile, dans l’entendement de l’Udps, devrait s’en tenir à son apolitisme et n’y participer que dans la mesure elle consent à être simple témoin de l’écriture de cette nouvelle page de l’histoire de la RD. Congo. L’Udps, dans ce cas, n’aurait que faire de l’inclusivité, ni de la représentativité des forces politiques et sociales parmi celles qui ont ne serait-ce qu’un petit mot à dire sur terrain. A vrai dire, tous les autres partis ou regroupements politiques, pris individuellement ou en bloc, n’auraient, donc, aucune place à table. Ils sont écartés d’office, si la Majorité acceptait de s’éloigner de l’ordonnance présidentielle du 28 novembre qui, au fond, parle d’un dialogue politique national et inclusif. Comment fustiger le comportement dit de ‘’volte-face’’ de l’Udps, dès lors qu’il représentait, du moins jusqu’ici, le principal allié sur lequel la Majorité misait, pour la réussite de l’organisation de ce dialogue ? Que vaudrait en ce moment-là, un dialogue sans l’Udps, alors que la Dynamique de l’Opposition et le G7 n’en veulent pas ? Que peut-on espérer d’un tel dialogue, si les Evêques catholiques qui exigent le respect absolu de la Constitution et des délais constitutionnels, continuent à râler via des manifestations pacifiques annoncées d’ici février prochain ? Autant qu’on attend le comité préparatoire, autant qu’on attend aussi le Facilitateur. Le Dialogue tangue. Et, dans la vallée de ces tumultes politiques, avec des exigences pondérées de l’Udps, il devient de moins en moins rassurant. Pour sa réussite, il faudrait vraiment accepter de marcher sur le fil du rasoir, en suivant l’Udps à tue-tête, jusqu’au bout. Au cas contraire, il est temps, pour la Majorité, de changer son fusil d’épaules. Allez à l’essentiel ! Pousser, par exemple, la CENI à sortir un calendrier réaliste, mettre du paquet pour l’organisation des élections et aligner des candidats à tous les niveaux, arrêterait, à la fois, la descalade et les titillements inutiles.
LPM