RASSEMBLEMENT : L’APRÈS-TSHISEKEDI DIVISE !
* Dès lors que les membres de l’Opposition Genvaliste n’accordent plus leurs violons, des observateurs redoutent l’éclatement de la plateforme.
Ca ne sent pas du bon parfum au Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement. Depuis quelques jours, une querelle intestine semble avoir pris ses quartiers dans cette plateforme de l’Opposition. En toile de fond, deux problèmes majeurs. Le premier : le choix du successeur de feu Etienne Tshisekedi au poste de président du Conseil des sages du Rassemblement. Le second problème se rapporte à la problématique même de la restructuration de cette plateforme politique de l’Opposition.
Qui succédera donc à Etienne Tshisekedi ? Le Rassemblement doit-il continuer à évoluer dans son format actuel ? Voici donc deux questions essentielles qui font très polémique au Rassemblement. En ce qui concerne la succession d’Etienne Tshisekedi à la tête du Conseil des sages, il est légitime que des ambitions se manifestent. Dès lors que cette question n’a pas été clairement résolue dans l’ "acte de naissance" de la plateforme, il est donc normal qu’en l’absence de Tshitshi, les autres membres du Rassemblement puissent exprimer leurs intentions.
Cependant, la question de réaménagement du Rassemblement parait cruciale aux yeux de ses sociétaires. Ici, se sont formés deux camps diamétralement opposés. D’un côté, ceux qui soutiennent l’idée de la mise en place de toutes les structures prévues dans l’Addendum à l’Acte d’engagement de Genval, portant "Restructuration du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement". De l’autre, les partisans du "Non". En d’autres termes, des membres de la plateforme qui s’opposent à la première idée. Dans l’un et l’autre camp, les arguments ne manquent pas.
Selon les tenants de la thèse de restructuration, cette démarche a l’avantage de " déconcentrer " la gestion du Rassemblement. Intervenant hier mercredi sur Top Congo, Augustin Kabuya, porte-parole de l’Udps, ne s’est pas fait prier. " Depuis sa création, le Rassemblement a toujours été dirigé par feu le Président Etienne Tshisekedi qui en a assumé la double fonction d’Autorité morale et de président du Conseil des sages. Compte tenu du fait que le président du Conseil des sages, doublé de la casquette d’Autorité morale du Rassemblement, fut également le président national de l’Udps, cela a donné lieu à une concentration tacite du pouvoir. Maintenant qu’Etienne Tshisekedi n’est plus, il est tout à fait normal que tous ses orphelins politiques puissent effectivement participer à la gestion de l’héritage ", a-t-il dit.
Par ailleurs, Augustin Kabuya a estimé que rien ne saurait justifier les discordances actuelles sur la question de restructuration. "Il ne s’agit pas de la création de nouveaux organes, dans la mesure où ceux-ci existent bel bien dans l’Acte d’engagement de Genval ", a-t-il poursuivi. Les structures à mettre sur pied sont la Coordination des actions et le Conseil de discipline et d’arbitrage. La première est l’organe d’exécution des décisions du Président et du Conseil des sages du Rassemblement. La Coordination des actions a pour rôle de concevoir et de proposer au président et au Conseil des sages les actions à mener sur le terrain et les exécute. Elle comprend une plénière et un bureau. La plénière est composée des représentants de toutes les composantes du Rassemblement suivant leurs poids politiques.
NON A LA FRAGILISATION DU RASSEMBLEMENT
Quelle que soit la pertinence des arguments de ceux qui soutiennent l’idée de la restructuration du Rassemblement, le camp du "NON" perçoit tout autre chose. Gilbert Kiakwama Kia-Kiziki est de ceux-là. Fort de son expérience, il est convaincu que ce réaménagement prote les germes de déstabilisation. Gilbert Kiakwama, comme certains autres membres du Rassemblement, juge inopportune la suggestion et craint que cette restructuration de leur plateforme politique ne puisse déboucher sur sa fragilisation. Entre les deux, la raison s’invite au débat. Plus d’un observateur pense que les médias, comme espace public, ne doivent pas toujours servir de lieu où doivent être résolus certains problèmes internes. Car, il y a le risque de créer des frustrations. En tout cas, pour un débat sur le réaménagement du Rassemblement, les mêmes observateurs sont unanimes que les membres de cette plateforme devaient se garder de toute polémique ambiante à travers les médias. Les linges sales se lavant en famille.
UNE SUCCESSION QUI POSE PROBLEME
Etienne Tshisekedi ! Voici un personnage politique à tout le moins "providentiel".Il n’aura pas été que Président national de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Bien au contraire. Feu Tshitshi a tout été. "Géniteur" du conclave de l’Opposition à Genval, Etienne Tshisekedi fut porté à la tête de la plateforme issue de cette messe de Bruxelles : le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement. Pas seulement. En raison de son envergure politique et de l’ancrage sociologique de son parti, Etienne Tshisekedi fut désigné à la tête du Conseil national du suivi de l’Accord du 31 décembre 2016 (CNSA).
Après sa disparition, c’est donc ce même Etienne Tshisekedi qui doit être "remplacé" à tous les postes naguère occupés de son vivant : président de l’Udps, président du Rassemblement, président du CNSA. De ce point de vue, la succession d’Etienne Tshisekedi pose une série de problèmes. Feu Etienne Tshisekedi ayant été un leader pas comme les autres, sa succession ne saurait procéder d’un simple exercice d’ordinaires conciliabules. Si l’Udps aura la Primature, par Félix Tshilombo Tshisekedi, quid du président du CNSA et du Conseil des sages du Rassemblement ? Les autres membres de la plateforme seront-ils prêts à accepter deux autres Udps à la tête de ces structures ? En d’autres termes, l’Udps doit-elle tout prendre ?
A bien d’égards, le questionnement ci-dessus résume le problème de succession de Tshisekedi. Un atavisme qui se pose ainsi à plusieurs niveaux. Ceci expliquerait-il la guéguerre actuelle au sein du Rassemblement ? Un Après-Tshisekedi qui se dessine en des termes pas toujours très clairs. A priori, ce sont des ambitions qui s’expriment maintenant. Légitime. En ce qui concerne précisément le choix d’un nouveau président du Conseil des sages du Rassemblement, cet exercice offre un avantage certain. Son plus grand mérite est de doter le Rassemblement d’un leader devant désormais servir d’interface avec le Président de la République. Au stade actuel des choses, par exemple, personne n’a qualité d’engager cette plateforme auprès du Raïs. Tout bien considéré, l’Après-Tshisekedi divise.