Plus grand pays d’Afrique sub-saharienne convoité pour ses richesses minières, pivot instable du continent avec son arc de neuf frontières, la République démocratique du Congo a tenté de rassurer ses partenaires occidentaux avec l’annonce dimanche d’un calendrier électoral prévoyant des élections en décembre 2018.

Mais le mandat du président Joseph Kabila a expiré depuis le 20 décembre 2016 et il s’était déjà engagé à organiser des élections fin 2017.


– Pourquoi n’organiser les élections qu’en 2018 ? –

Réponse des autorités: pour organiser des élections crédibles malgré la situation sécuritaire. Réponse des opposants: Kabila et ses proches “s’accrochent” au pouvoir pour “piller” le Congo.

Les contraintes existent dans ce pays immense (2,3 millions de km2, 70 à 80 millions d’habitants), qui n’a jamais connu d’alternance politique pacifique.

Outre les enjeux logistiques (acheminement du matériel électoral), la commission électorale a insisté dimanche sur la difficulté d’enregistrer près de 45 millions d’électeurs dans le contexte actuel (violences armées, 3,8 millions de déplacés internes…).

“Des agents de la Céni (commission électorale) ont été décapités”, a avancé son président Corneille Nangaa, au sujet des violences dans le Kasaï (centre) et la rébellion Kamwina Nsapu, du nom d’un chef traditionnel tué en août 2016 après s’être révolté contre les autorités de Kinshasa.

“Ce calendrier fantaisiste est une manœuvre de plus d’un régime prédateur qui veut s’accrocher indéfiniment au pouvoir (…). Avec sa famille et ses proches, ils (ndlr: Kabila et les siens) continuent leur pillage du Congo”, a réagi auprès de l’AFP un des principaux opposants, Moïse Katumbi. Cette opposition demande le départ de Kabila au 31 décembre de cette année, en vertu d’un accord pouvoir-opposition signé fin 2016.

– Les Nations unies et l’Occident prêts à soutenir Kabila un an de plus ? –

“Les élections doivent être organisées en 2018 [sinon], la RDC ne doit pas compter sur le soutien des États-Unis et de la communauté internationale”. L’ambassadrice américaine auprès des Nations unies Nikki Haley avait lancé cette mise en garde lors de sa visite il y a dix jours dans ce pays qui accueille la plus pléthorique et la plus onéreuse des missions de l’ONU (plus d’un milliard de dollars par an, quelque 18.000 personnes).

L’émissaire de Donald Trump a été entendue puisque la commission électorale évoquait encore récemment des élections en mars-avril 2019 (“504 jours” après la fin du recensement).

La France, qui a la réputation de “tenir le stylo” des textes onusiens sur la question congolaise (dont la prochaine résolution prévue en mars), a semblé prendre acte avec prudence du nouveau calendrier, en évoquant lundi matin “une équipe coordonnée d’experts pour appuyer la préparation des élections”. “No comment”, indique pour sa part l’ambassade des États-Unis à Kinshasa.

Ancienne puissance coloniale, la Belgique, serait partagée au sommet entre le Premier ministre, Charles Michel, qui a rencontré le président Kabila à New York en septembre, et le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders, tenu à l’écart par Kinshasa pour sa proximité supposée avec l’opposition.


– Kabila va-t-il rester au pouvoir jusqu’en janvier 2019 ?

 –Dans l’est du pays, les groupes armés congolais ne semblent plus être en mesure de menacer le régime, avec d’éventuels soutiens étrangers, selon le scenario du renversement du maréchal Mobutu en 1997 par les AFDL de “Kabila père” (l’ex-président Laurent-Désiré), soutenu par le nouveau “tutsi power” du Rwanda de Paul Kagame.

Sur le plan politique, c’est certes l’union sacrée entre les deux leaders du Rassemblement de l’opposition (Rassop), Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi. Mais Tshisekedi “fils” ne semble pas être en mesure de mobiliser les foules comme son père, le leader historique de l’opposition Étienne Tshisekedi, décédé à Bruxelles le 1er février. Chaque manifestation est sévèrement réprimée comme lundi dernier à Goma (au moins cinq morts dont un policier), suscitant l’alarme des défenseurs des droits de l’homme – et la peur des populations.

Ex-gouverneur du Katanga, riche homme d’affaires, président du célèbre “TP Mazembe”, l’un des grands clubs de football africains, Moïse Katumbi affirme qu’il jouit d’une popularité sans égale dans tout le pays. Mais il se trouve en exil de fait à Bruxelles après sa condamnation dans une obscure affaire immobilière. Il annonce son retour en décembre, sans préciser comment il peut éviter d’aller en prison.
Le rapport de force semble être donc encore favorable au président Kabila. A défaut d’être populaire et de pouvoir compter sur une armée 100% fiable, il peut s’appuyer sur les autres organes sécuritaires de l’État (garde présidentielle, renseignements….), et son entourage proche.


Par Congoactu.net
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