
Suivons cette chronologie pour comprendre comment est née la crise humanitaire congolaise.
1997-1998 : à l’avènement de l’Afdl, Bruxelles (et non Paris) organise en décembre 1997 (et non en 1998) une Conférence dite des "Amis du Congo".
Objectif : réunir des fonds pour une contribution conséquente en vue de relancer la reconstruction du Congo-Zaïre, sorti exsangue de la gouvernance institutionnelle catastrophique du Mpr Parti-État en avril1990 et de la 1ère Transition conflictuelle en 1997.
Laurent-Désiré Kabila doute de leur sincérité. Il a raison.
Fonds réunis : près de 150 et non 250 millions de dollars, pendant que les besoins du pays s’expriment en des dizaines de milliards !
"Respectant les grandes lignes d’action des Congolais et les décisions des partenaires, le Gouvernement congolais a proposé un plan de stabilisation et de relance de l’économie qui a été unanimement apprécié pour sa qualité et sa préparation, compte tenu des circonstances", reconnaîtra le Secrétaire d’Etat à la Coopération et au Développement, Moreels, au cours d’une séance au Sénat belge.
2005-2006 : en prévision des premières élections réellement démocratiques et pluralistes devant se tenir en RDCongo, les "Amis du Congo" mobilisent la population avec de grandes promesses d’investissements.
La population répond positivement en y participant massivement. Et voilà qu’après la tenue des élections, ils se défilent ! La Banque mondiale, par exemple, ne disponibilise que 180 millions de dollars.
Pour faire face aux défis de la reconstruction, les autorités congolaises, pratiquement prises au piège par les partenaires traditionnels occidentaux, sont comme contraintes, à leur corps défendant, à négocier en 2007 le contrat chinois.
Les "Amis du Congo" réagissent d’une façon drôle : ils sabotent directement et ouvertement la matérialisation de ce contrat. On se souvient du déplacement cavalier de Karel de Gutch en Chine.
2011 : dans le cadre du deuxième cycle électoral, les "Amis du Congo" s’abstiennent de toute contribution en faveur de la Ceni. La vingtaine de millions d’euros, initialement programmée pour la Centrale électorale, est orientée plutôt vers les ONGDH chargées de l’observation électorale.
On connaît le résultat : les résultats électoraux seront contestés, et la crise politique va s’accentuer.
2016-2018 : dans le cadre du troisième cycle électoral, les "Amis du Congo" multiplient des promesses de financement et des conditions d’accès.
Force est de constater, au stade actuel, qu’en dehors d’une partie de la logistique assurée par la Monusco, le financement des opérations est entièrement assuré par le Gouvernement congolais, et la crise politique va crescendo au motif : d’abord, la non-tenue des élections dans les délais constitutionnels ; ensuite, la non-application intégrale de l’Accord du 31 décembre 2016.
***
Récapitulons :
Depuis la Conférence des "Amis du Congo" à Bruxelles en 1997 jusqu’à la Conférence des "Amis du Congo" à Genève en 2018, quels sont les investissements solides réalisés dans ce pays pour, justement, éviter la catastrophe humanitaire nécessitant, au bas mot, 2,2 milliards de Usd ?
Réponse : rien, sinon pas grand-chose. Il suffit de consulter le répertoire de l’Anapi. Belges, Français, Américains, Canadiens, Allemands, Britanniques, etc. agissent comme s’ils ont mis la RDCongo en jachère.
Curieusement, ils semblent étonnés de l’accentuation de la crise humanitaire actuelle, si bien qu’on est de droit de se demander par quoi s’explique cette soudaine générosité à l’égard des Congolais au travers de la réunion de Genève !
Dès lors qu’il est acquis qu’ils ne vont pas répondre, il va alors falloir que les Congolais pro-Genève donnent au peuple congolais les réponses à des préoccupations suivantes :
* primo, fixer l’opinion sur la part exacte destinée aux populations vulnérables et celle réservée à la gestion administrative (bureaux, salaire, assurances, logement et transport des humanitaires etc.),
* secundo, fixer l’opinion sur les fournisseurs des produits alimentaires, vestimentaires, sanitaires, etc. destinés à ces personnes (raisons sociales, sièges, États...).
Dans les deux cas, on ne serait pas surpris d’apprendre qu’à plus de 60 ou 70 %, l’enveloppe profite plus aux "Amis du Congo" qu’aux Congolais eux-mêmes, et cela grâce au système d’"o-n-géisation" de l’aide humanitaire, comme relevé dans la rubrique "AMUSONS-NOUS UN PEU"… Omer Nsongo die Lema/Analyste