La ville d’Uvira, dans la province du Sud-Kivu en République démocratique du Congo (RDC), tente de retrouver un semblant de normalité après plusieurs jours de violences et de pillages. Les activités ont timidement repris ce samedi, mais les traces des affrontements entre militaires congolais et miliciens pro-gouvernementaux, ainsi que les scènes de pillages, restent visibles. Selon des sources locales, au moins une vingtaine de personnes ont été tuées et une centaine blessées lors des troubles de cette semaine.
Une ville marquée par la violence
Les rues d’Uvira portent encore les stigmates des violences récentes. Des cadavres gisaient dans les rues, témoignent plusieurs habitants joints par RFI. Ces violences ont été déclenchées par l’avancée des rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise, dans le Sud-Kivu. Cette offensive a provoqué la panique parmi les forces de sécurité congolaises, dont certains éléments se sont repliés à Uvira, la deuxième ville de la province, située en face de Bujumbura, la capitale économique du Burundi.
Des militaires en déroute
Selon le maire adjoint d’Uvira, Kapenda Kifara Kyky, les troubles ont été causés par des « militaires qui ont désobéi ». Ces soldats des Forces armées de la RDC (FARDC), en fuite après la chute de Bukavu, se sont livrés à des pillages et des exactions dans la ville. « Ce qui a causé ces troubles, ce sont des militaires FARDC qui ont fui la ville de Bukavu et sont arrivés à Uvira », a expliqué un habitant à RFI.
Les autorités locales ont mis en place un numéro d’intervention pour signaler les cas d’abus. « Nous récupérons la situation petit à petit avec le commandant local de l’armée congolaise », a déclaré le maire adjoint, resté sur place pour tenter de rétablir l’ordre.
Des attaques contre des lieux religieux
Les violences ont également touché des lieux religieux et des personnalités religieuses. Un habitant d’Uvira, qui a souhaité garder l’anonymat, a raconté à RFI que des militaires des FARDC ont attaqué l’évêché d’Uvira, braquant une arme sur l’évêque. D’autres communautés religieuses et un pasteur ont également été pris pour cible. « Ils cassent les portes, demandent de la nourriture et de l’argent », a-t-il ajouté.
Une situation sécuritaire complexe
Uvira, située près de la plaine de la Ruzizi qui fait frontière avec le Burundi, est une zone stratégique. Des troupes burundaises y étaient postées sur invitation de Kinshasa, mais des mouvements importants de soldats burundais ont été signalés cette semaine, alimentant les tensions dans la région.
Dans les Hauts-Plateaux du Sud-Kivu, des combats ont opposé vendredi les FARDC et des miliciens pro-gouvernementaux aux Twirwaneho, un groupe d’autodéfense lié au M23. Ces affrontements ont eu lieu deux jours après la mort de leur chef, Michel Rukunda alias Makanika, tué par une frappe de drone.
Une reprise fragile
Malgré les efforts des autorités locales pour rétablir l’ordre, la situation à Uvira reste précaire. Les habitants, traumatisés par les violences, tentent de reprendre leurs activités, mais la peur d’une reprise des troubles persiste. La présence de militaires en déroute et les mouvements de troupes dans la région continuent de nourrir l’insécurité.
Conclusion
La reprise timide des activités à Uvira après plusieurs jours de violences souligne la fragilité de la situation dans l’Est de la RDC. Alors que les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, continuent d’avancer, les forces de sécurité congolaises semblent dépassées, et les civils paient un lourd tribut. La communauté internationale et les autorités congolaises doivent agir rapidement pour protéger les populations, rétablir l’ordre et mettre fin à l’impunité des auteurs de ces violences. Sans une réponse ferme et coordonnée, la région risque de sombrer davantage dans le chaos.