*Le dialogue politique, tel que confirmé par Joseph Kabila, continue à faire couler beaucoup d’encre et de salive tant dans le monde politique que dans la société civile. Jean-Marie Ingele Ifoto, Président national de la Dynamique pour la Démocratie au Congo (DDC) et modérateur intérimaire de la Dynamique de l’Opposition, affiche sa position sur cette épineuse question. Dans une interview récente, l’homme n’use d’aucun langage de bois. «Ma position en ce qui concerne le dialogue est claire : je ne participerai pas au dialogue tel que M. Kabila l’a annoncé. Car, les questions à y évoquer ont leurs réponses dans les institutions. La seule question qui pouvait être traitée, c’est l’avenir de ce pays, la passation du pouvoir, l’alternance démocratique. Des questions auxquelles le Président de la République reste, cependant, muet », dit-il. Le dialogue comme mécanisme est, certes, une vertu. C’est, d’ailleurs, une valeur à protéger absolument. Mais, comme initiative propre au Président de la République, il s’en méfie. Car, à son avis, un tel dialogue cacherait beaucoup de choses. ‘’C’est un piège, un attrape-nigaud’’, conclut-il. Dans cette édition, Ingele parle et décortique tous les aspects du Dialogue, sans tabou.

Quelle est votre position sur le Dialogue national ?

Ingele Ifoto : Notre position est claire. Nous ne participeront pas au dialogue en tant qu’initiative prise par le Chef de l’Etat. Ce dialogue est suspect, c’est un dialogue-piège qui se présente comme précurseur dans la démarche vers le sabotage de la Constitution. En fait, il plante le décor pour marcher sur la Loi Fondamentale. Il va faire que la Constitution devienne malléable, c’est-à-dire, modifiable dans tous les sens. Si c’est cela le dialogue, je dis non. Il est inopportun.

Vous aviez, il y a quelques jours, déclaré sur une radio de la place que « les points à y évoquer ont des réponses dans les institutions ». De quelles institutions s’agit-il ? Selon vous, quelles sont les questions qui devraient être traitées en lieu et place de celles proposées par le Chef de l’Etat ?

Le Président de la République s’est exprimé à l’occasion de la fête du 30 juin de cette année 2015 à Matadi dans le Kongo Central, que le dialogue sera convoqué pour résoudre le problème lié au calendrier électoral, aux anciens mineurs ou nouveaux majeurs selon le cas, le financement du processus électoral et la sécurisation.

Ce menu n’a rien de politique. Les questions relatives au calendrier électoral, à l’enrôlement de nouveaux majeurs, au financement et à la sécurisation du processus électoral sont prises en charge par des institutions prévues par la Constitution, entre autres, la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), le Parlement et le Gouvernement. Ces questions sont fixées dans la Constitution et il y a des réponses institutionnelles. Nous ne pouvons pas nous substituer à ces institutions dans un dialogue pour trouver des réponses. Nulle part où pour que la CENI fasse son calendrier, faut-il que tout le monde soit, forcément, autour d’une table ?

Là-dessus, la Cour Constitutionnelle a déjà tranché. Donc, c’est une question technique qui relèverait uniquement de la CENI en tant qu’institution d’appui à la démocratie. Pourquoi ne pas la laisser travailler ? Les questions des finances, c’est ce dernier qui vote la loi de Finances et le Gouvernement l’exécute. Donc, il n’y a aucun problème à moins que le Chef de l’Etat nous dise que les institutions ont failli. Mais, même dans ce cas, les responsables doivent répondre de leurs actes.

La classe politique est divisée sur la question du médiateur du dialogue. S’il vous était demandé de faire un choix entre un congolais et un étranger, qui choisiriez-vous ?

Sur cette question, je dirai qu’il y a ambivalence. A l’initiale, on a dit que le dialogue était voulu par la communauté internationale. En tant que tel, le Représentant du Secrétaire Général de l’ONU peut faire cet office de médiation. Néanmoins, je trouve que la question du médiateur ne règle pas le problème. Il faut plutôt une volonté politique dans la classe politique. Au cas contraire, même Ban Ki-Moon, actuel SG de l’ONU ou Jésus-Christ, lui-même, ne « saura remédier» au problème de la RD-Congo.

S’il n’y a aucune condition réunie pour la tenue des prochaines élections dans le délai Constitutionnel, avez-vous une autre voie de sortie que le dialogue ?

Aucune autre voie de sortie n’est possible en dehors de la Constitution, c’est-à-dire, le respect strict des textes. On a toujours parlé des élections apaisées mais qui les menace ? Au cas où une institution ou une personne les menacerait, faudrait-il l’indexer pour l’amener à répondre de ses actes.

Un mot pour clôturer cet entretien ?

Pour conclure, j’emprunterai une phrase de sa sainteté le Pape Jean-Paul II, pour dire à tout le peuple congolais où qu’il se trouve : « n’ayez pas peur ». Pour que cette courte phrase se réalise, il faut un rassemblement des forces patriotiques, le respect strict de la Constitution pour qu’enfin, triomphe l’idéal démocratique et que le sang du Congolais qui a été versé par le passé soit justifié. Aucun forum, même celui convoqué par le Président de la République, ne pourra donc résoudre les problèmes liés au calendrier électoral et à l’enrôlement de nouveaux majeurs.

Texté tiré de Géopolis et retouché à La Pros.

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