
Hier lundi, en fin de matinée, Joseph Kabila s’est adressé aux deux chambres du Parlement réunies en congrès au Palais du peuple, en présence des corps constitués de la République, des ambassadeurs accrédités à Kinshasa et des invités de marque venus de tous les horizons de la capitale.
Comme à tant d’autres occasions, dans un passé encore récent, le chef de l’Etat congolais s’est attardé sur l’effort de pacification de la partie orientale du pays, à mettre à l’actif des forces armées opérant sous son impulsion ; sur les performances macroéconomiques du gouvernement, conduit par le Premier ministre Augustin Matata Ponyo ; sur les progrès réalisés par son régime dans le cadre de la révolution de la modernité, etc… etc.
En rapport avec ce qui précède, Joseph Kabila a pris soin de » climatiser » à sa manière son discours d’hier, mais sans se soucier de relativiser l’impact des actions de son régime sur le vécu quotidien de millions de ses compatriotes qui souffrent des inégalités caractérisant la répartition du revenu national et des tares de l’archaïsme en plein 21ème siècle !
Il connait d’avance les décisions du forum ?
En appréhendant la partie de son discours consacrée à l’actualité politique immédiate au pays, Joseph Kabila a pris tout son temps pour parler du » dialogue national » que l’opposition dans sa diversité appelle avec insistance » dialogue politique inclusif » pour des raisons évidentes !
Il a rappelé son intention manifestée pour la première fois le 28 novembre de voir ce forum tant désiré de réfléchir sur les modalités de vote, une porte ouverte à la réunion de la Constitution, via la loi électorale qui a principe déjà tout réglé sur un ton plutôt menaçant, le chef de l’Etat congolais a parlé du » dialogue national » comme d’une panacée universelle, en mettant en garde tous ceux qui tenteraient de contrecarrer les décisions, résolutions et autres recommandations issues de ce forum.
Il est impensable que Joseph Kabila adopte pareil ton et considère d’emblée le » dialogue » comme une fin en soi, en donnant en même temps l’impression qu’il connait déjà les décisions, résolutions et autres recommandations qui sortiront de cette rencontre, alors que la partie opposition dans sa diversité n’y voit encore que du feu !
Le discours d’hier du chef de l’Etat devant les deux chambres réunies du Parlement n’a pas manqué d’amplifier la méfiance de ceux qui ne cessent de se demander ce qui se cache derrière le brusque engouement et surtout la formidable mobilisation de forces politiques acquises au statu quo de ce forum, dont la majorité ne voulait rien entendre au lendemain de l’accord-cadre d’Addis-Abeba et de la résolution subséquente du conseil de sécurité de Nations Unies. Beaucoup pensent en effet, qu’il y a anguille sous roche !
Deux points essentiels…
A l’écoute du discours de Joseph Kabila devant le congrès, la surprise générale semble être venue des parties centrale et finale de celui-ci, qui n’ont pas levé un coin du voile sur ce que pense le précité de son départ déjà imminent et de la personnalité de sa famille politique appelée à se présenter à l’élection présidentielle avant son départ
Le silence du chef de l’Etat sur les deux points essentiels fait dire à beaucoup que ce dernier est déterminé à demeurer à la tête du pays, malgré et contre tout et advienne que pourra. Enfin, il y a eu dans le même discours ce qui y a lieu de considérer comme une agression contreproductive dirigée contre la communauté internationale. Il s’agit de l’opinion sciemment véhiculée pour faire croire aux masses populaires que la RDC n’a pas besoin de l’extérieur (de l’Ouest ou de l’Est) parce qu’elle peut vivre uniquement de son » indépendance » et de sa souveraineté « .
Erreur n’est pas compte, disent les sages. En orientant cette partie de son discours vers cette croyance d’autosuffisance, Joseph Kabila a fait fausse route, car aucun Etat ne peut se gouverner et progresser sans tenir compte de l’environnement international ! Qui dira mieux ?
Par Kambale Mutogherwa