Il est parmi les hommes de confiance actuellement d’Etienne Tshisekedi. Il a été un de ses émissaires dans l’organisation du Conclave de Genval. Secrétaire national adjoint de l’UDPS chargé de communication, information, média et Attaché de presse au cabinet du Sphinx de Limete, Augustin Kabuya partage les coulisses de cette rencontre et commente l’actualité politique dans cette interview exclusive accordée à Congo Nouveau.Congo Nouveau : Dans quel climat s’est déroulée la rencontre de Genval, car il aurait eu des tensions entre participants ?
Dans chaque contact politique, chacun peut avancer son point de vue. Cela ne veut pas dire que les gens étaient fâchés. Nous n’étions pas dans une église… Il faut laisser les gens s’exprimer. Contrairement aux prophètes de malheur, Genval a été une totale réussite. J’étais trop sûr que tout ira bien avec l’aide de Dieu.
Augustin Kabuya : Depuis, il y a un rapprochement Katumbi-Tshisekedi. Mais beaucoup estiment que ce mariage ne fera pas long feu du fait des ambitions présidentielles clairement définies de chacun ?
Les gens qui pensent ainsi présentent mal les choses. L’UDPS a été créée pour l’établissement d’un Etat de droit et la démocratie. On ne peut pas interdire à quelqu’un d’exprimer ses ambitions. Se déclarer candidat à la présidentielle, ce n’est pas un péché. C’est la fin qui compte. Au jour d’aujourd’hui, ce qui nous intéresse c’est l’unité de l’opposition. Au stade actuel, le premier pas à franchir c’était cette union. Et on l’a franchi. Au moment opportun, il y aura des profils. On ne va pas dans cette compétition vaille que vaille. Laissons d’abord les gens s’exprimer. Nous ne sommes pas comme les gens de Kabila qui pensent qu’il est interdit de parler des problèmes du pays, comme c’était le cas dernièrement avec Mende qui a organisé tout un point de presse pour insulter. Cela nous a montrés comment des hommes politiques congolais, particulièrement ceux de la Majorité, ont une éducation qui n’honore même pas notre pays. C’est vraiment inacceptable qu’on puisse aujourd’hui se tirer dessus parce que tel a dit qu’il sera candidat. Nous sommes en politique, chacun peut avoir des ambitions. Mais nous, à l’UDPS, notre candidat c’est le docteur Etienne Tshisekedi wa Mulumba.
Les moyens financiers de Katumbi ne jouent-ils pas un rôle déterminant dans ce rapprochement avec le vieil opposant ?
Présenter les choses de cette manière est malhonnête. Si c’était pour l’argent, on pouvait travailler avec Kabila qui a plus de moyens du fait qu’il contrôle tout le pouvoir politique et financier du pays. Kabila voulait à ce que nous travaillions dans un système de partenariat par l’entremise de ses délégués et nous avons dit non parce que cela ne correspond pas au combat de l’UDPS.
Qui a finalement financé ces travaux de Genval ?
C’est le président Tshisekedi. On ne peut pas dire qu’un parti politique de près de 40 ans n’a pas des moyens pour tenir ce genre de rassemblement.
Le pouvoir vous accuse de trahir le pays à travers des lobbies occidentaux…
Quand nous avions discuté des problèmes du Congo en Italie et en Espagne lors des discussions préliminaires, pourquoi ce n’était pas la trahison. Après notre rencontre avec Reynders, Raymond Tshibanda a aussi été accueilli le même jour par ce même Vice-premier ministre belge. Ce que lui aussi a trahi ? Qu’on arrête avec cette histoire, elle risque de nous amener très loin.
A la Dynamique de l’opposition, Eve Bazaïba et les autres ne semblent pas vouloir faire route avec le Rassemblement
C’est leur droit. Nous sommes en démocratie. J’étais allé voir Mme Bazaïba avant le conclave, mandaté par Tshisekedi. Nous avons échangé avec toute son équipe. Elle et Fidèle Babala nous avaient promis une réponse dans 72 heures. A notre surprise, nous avons suivi leurs déclarations dans les médias. Ce que je considère comme un manque de considération vis-à-vis des partenaires. J’étais aussi allé voir Kamerhe. Il était le seul à faire des éloges sur la démarche de Tshisekedi. Il avait dit : « Celui qui s’opposera à cette démarche de Tshisekedi est un sorcier. C’est plus qu’un Mandela… » Par après, je me suis rendu compte qu’il n’était pas sincère dans ses propos. Car, on ne l’a pas vu à Bruxelles. Au contraire, c’est lui qui est en guerre contre les résolutions de Genval. C’est un homme politique, il nous a rejoints dans l’opposition il y a cinq ans et quelques mois, il sait ce qu’il cherche. Nous ne pouvons pas engager un bras de fer contre certains compatriotes qui peuvent réfléchir librement. S’ils trouvent que Genval n’était pas bon pour eux, tant mieux. Mais commencer à raconter des histoires contre Genval, là nous disons non.
Etienne Tshisekedi annonce son retour pour ce 27 juillet, doit- on s’attendre à un come-back en toute discrétion ?
Nous allons préparer ce grand retour de l’année. Le président Tshisekedi est un grand homme politique. On n’a jamais organisé son retour dans la discrétion. Il est une valeur qui mérite respect. Certaines personnes qui pensent que pour faire entendre leur voix, il faut insulter le président Tshisekedi, sont, au contraire, en train de s’enfoncer.
Le dialogue peut-il avoir lieu au courant de ce mois comme évoqué lors de la dernière rencontre entre Tshisekedi et le Groupe de soutien à la facilitation ?
Au jour d’aujourd’hui, on ne peut pas parler du dialogue sans Tshisekedi. Edem Kodjo l’avait même reconnu. Tout part des élections de 2011. Jusqu’aujourd’hui, nous n’avons jamais reconnu Kabila. On ne peut pas parler de dialogue et continuer à jeter les bâtons dans les roues ou mettre des peaux de bananes sur la route des opposants. Le cas du procès bidon contre Katumbi. Si les prisonniers politiques ne sont pas libérés, à quoi servira d’aller au dialogue ? C’est pratiquement impossible. Si nous sommes sérieux, on doit recadrer les choses avant d’aller à ces assises.
Mais au même moment, le temps passe et il y a le problème de délai constitutionnel
Le temps passe par rapport à quoi et à qui ? Kabila n’est pas partant. Nous qui sommes concernés par des élections, nous allons discuter. Si je dois vous révélez une chose : nous voulons du dialogue pour rassurer les uns et les autres. Il y a ceux qui pensent que leur avenir politique sera mis en péril une fois qu’ils quittent le pouvoir. Ce n’est pas cela. Ce qui nous préoccupe c’est l’avenir du Congo.
L’UDPS est accusée de retarder la tenue du dialogue en multipliant sans cesse des exigences
C’est depuis les rencontres préliminaires d’Italie et d’Espagne que nous avons plaidé pour la libération des prisonniers politiques.
A la MP, on dit qu’il ne faut pas confondre « prisonniers politiques » et « politiques en prison »
Nous sommes habitués à cela. C’est une façon de distraire l’opinion. Nous savons tous que ces gens-là sont des innocents. Qu’on les libère une fois pour toute. Si on veut que les choses se passent dans l’ordre, évitons de créer des obstacles.
Depuis un certain temps, c’est Bruno Tshibala qui passe en avant-plan pour représenter le parti. Mavungu est-il toujours Secrétaire général de l’UDPS ?
Quand le président Tshisekedi avait décidé de nommer Mavungu, il n’avait demandé personne. S’il veut le remplacer, trouvant qu’il a déjà accompli le travail qu’il fallait pour le parti, il ne demandera aussi personne. Je pense que cette question doit être posée au président du parti.
Un dernier mot ?
Je remercie le président Tshisekedi pour la confiance qu’il continue à me faire. Il m’a toujours confié des missions. Mais parmi les grandes missions, il y a son évacuation pour Bruxelles et l’organisation de la réunion de Genval. Il continue à me porter dans son cœur. Je demande à certains amis du parti de comprendre que, dans un combat politique, ce n’est pas important d’avoir un esprit de haine et de jalousie quand le chef fait confiance à l’un de vous. Tout l’honneur, c’est pour tout le parti. Genval a eu lieu, il y a eu Rassemblement… Aujourd’hui, on parle de la réussite d’Etienne Tshisekedi et non de ses émissaires. Je demande aussi à tout notre peuple d’être derrière le
président Tshisekedi wa Mulumba.
Interview réalisée par Katz.