COMMUNIQUE

Le Comité de Politique Monétaire s’est réuni, ce vendredi 21 décembre 2018, pour sa onzième réunion ordinaire de l’année sous la présidence de Monsieur Déogratias MUTOMBO MWANA NYEMBO, Gouverneur de la Banque Centrale du Congo.

Les échanges ont globalement porté sur l’analyse de la conjoncture économique nationale et internationale ainsi que des mesures de politique monétaire et de change à mettre en place.
A cet effet, il convient de retenir ce qui suit : Au plan international,
Le Comité de Politique Monétaire a noté les craintes liées à une éventuelle crise de l’économie mondiale se profilant à l’horizon au regard des indicateurs jugés décevants en Chine et en Europe. Cette situation est expliquée principalement par les tensions commerciales.
En effet, la production industrielle et les ventes au détail en Chine ont enregistré, au mois de novembre 2018, un ralentissement record, soit la plus faible croissance de ventes au détail en 15 ans. Dans la Zone Euro, selon les premiers résultats des enquêtes mensuelles IHS Markit auprès des directeurs d’achats, la croissance de l’activité dans le secteur privé est tombée à son plus bas niveau depuis plus de quatre ans. Aux Etats-Unis, le déficit commercial des biens et services a atteint un niveau inédit en dix ans, sous l’effet d’une baisse des exportations.
Considérant les perspectives de la croissance mondiale à 3,7 % pour les années 2018 et 2019, le Fonds monétaire international estime que cette croissance pourrait être amputée de trois quarts de point de pourcentage, si la totalité des droits de douane qui font l’objet des tensions commerciales entre Washington et Pékin sont mis en application.
Ainsi, il est indispensable que la trêve, conclue le 1er décembre courant par ces deux pays, conduise à un accord durable permettant d’éviter une intensification des tensions. Le blocage persistant pourrait se traduire par une fragmentation de l’économie mondiale avec, à la clé, un risque de crise. Raison pour laquelle, la réunion du G20 a plaidé pour un nouveau multilatéralisme qui assurerait que, les bienfaits économiques de la mondialisation soient partagés par tous et non plus seulement par quelques-uns.
Le Comité s’est intéressé aux effets de la conjoncture internationale sur l’évolution des cours mondiaux des matières premières intéressant l’économie nationale avec comme constat que le cours du cuivre s’est inscrit en hausse, passant de 6.135,0 USD à fin octobre à 6.220,0 USD la tonne métrique à fin novembre 2018. Quant au cours du pétrole Brent, il a reculé à 59,12 USD le baril contre 74,69 USD le mois précèdent. Au 20 décembre 2018, les prix de ces deux produits ont connu fléchissement, en se fixant à 5.985 USD la tonne du cuivre et à 54,97 USD le baril.
Dans ce contexte mondial, des politiques publiques pro-croissances devraient être mises en œuvre pour soutenir la demande à court terme. Aussi, il s’avère indispensable de poursuivre la désescalade des tensions commerciales, d’améliorer le système des échanges en éliminant les subventions qui créent des distorsions et de protéger les droits de propriété intellectuelle.
Au plan national,
Le Comité de Politique Monétaire a noté que l’activité économique demeure prospère sur fond d’une relative stabilité sur tous les marchés. En effet, sur base des réalisations de la production à fin septembre 2018, la croissance du PIB réel serait de 4,1 %, soit le même rythme de création de richesse précédemment estimé au regard des données disponibles à fin juin. Ce niveau, en progression de 0,4 point de pourcentage par rapport à 2017, est expliqué principalement par la performance du secteur primaire, sous l’impulsion des industries extractives.
Paradoxalement, les chefs d’entreprises sont demeurés globalement pessimistes, pour le troisième mois consécutif, au sujet de l’évolution de la conjoncture économique du pays, avec un solde global d’opinions établi à -5,4 % au mois de novembre 2018, après un fléchissement à -3,1 % un mois plus tôt. Cette évolution défavorable du solde d’opinions serait attribuable principalement aux facteurs internes, lesquels ont affecté les secteurs des mines, de la construction et des services.
Concernant les prix à la consommation, le Comité s’est félicité de la poursuite de la stabilité sur le marché des biens et services. L’inflation en terme mensuel s’est située à 0,478 % en novembre 2018 contre 0,417 % un mois auparavant. Les perspectives pour l’année 2018, sur base des réalisations à la deuxième semaine du mois de décembre courant dont l’inflation cumulée a atteint 6,907 %, laissent entrevoir un taux d’inflation de 7,193 % face un objectif à moyen terme de 7,0 %.
S’agissant des finances publiques, le Comité a noté une détérioration du solde des opérations financières de l’Etat attestée par un déficit de 17,0 milliards de CDF au mois de novembre 2018, ramenant les excédents budgétaires annuels à 198,1 milliards. Ce creusement du déficit est imputable notamment à l’expansion des dépenses courantes dans un contexte de tarissement des recettes. Au 19 décembre 2018, le solde mensuel des opérations du Trésor a été déficitaire de 146,8 milliards de CDF, réduisant les excédents budgétaires annuels à 46,5 milliards de CDF.
Pour ce qui est de l’exécution du plan de trésorerie de la BCC, elle s’est soldée par un excédent de 5,0 millions de CDF à fin novembre 2018.
Sur le marché des changes, le Comité a noté que les taux de change sont restés globalement stables en 2018, sur les différents segments du marché. Le cours indicatif a fluctué dans la fourchette de 1.604,98 CDF/USD à 1.632,18 CDF. Cette même tendance a caractérisé le marché parallèle où le taux s’est établi entre 1.636,83 CDF/USD et 1.651,50 CDF. D’octobre 2018 à novembre 2018, il a été observé des dépréciations de 0,02 % du cours indicatif et de 0,07 % du taux parallèle, lesquels se sont situés respectivement à 1.632,18 CDF le dollar américain et à 1649,50 CDF. Quant aux réserves de change à fin novembre, elles se sont établies à 1,005 milliard de USD, soit quatre semaines d’importations des biens et services.
Au niveau du secteur monétaire, il a été noté une dilatation de la base monétaire d’environ 35,5 milliards de CDF en novembre 2018, en raison de la réapparition des déficits publics. Au niveau des contreparties de la masse monétaire, la progression est expliquée principalement par l’accroissement des avoirs intérieurs nets impulsés par le crédit net à l’Etat (+48 %. C’est dans ce contexte que la Banque Centrale a activé son Bon de manière à ponctionner la liquidité. Ainsi, l’encours de ce titre a quasiment doublé d’un mois à l’autre en s’établissant à 35,0 milliards. A la deuxième semaine du mois de décembre cet encours a atteint 40,0 milliards de CDF, occasionnant une ponction annuelle de la liquidité de 5,0 milliards.
A l’issue des échanges, le Comité de Politique Monétaire, qui suit de près la conjoncture, a décidé de maintenir inchangé le dispositif actuel. Ainsi, le taux directeur est maintenu à 14,0 % ; les coefficients de la réserve obligatoire sur les dépôts en devises à vue et à terme demeurent respectivement à 13,0 % et 12,0 % et ceux pour les dépôts en monnaie nationale à vue et à terme à 2,0 % et 0,0 %. La BCC qui suit de près l’évolution de la conjoncture, entend recourir à tous ces instruments le cas échéant pour garantir la stabilité du cadre macroéconomique.
Pour ce qui est de la politique budgétaire, le CPM encourage le Gouvernement à poursuivre les efforts d’amélioration dans la mobilisation des recettes publiques et de rationalisation des dépenses en procédant aux arbitrages nécessaires.
Fait à Kinshasa, le 28 décembre 2018
Déogratias MUTOMBO MWANA NYEMBO
Président
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