* La RDC est faible de ses fragilités intérieures. La vraie guerre, il faut la mener contre le manque de cohésion interne, affirme le leader de l'ENVOL.Un tout autre discours sur la balkanisation que celui sorti par Delly Sesanga, samedi 18 janvier, à l'occasion de la cérémonie d'échange des vœux pour 2020 au siège de l'Envol à Kinshasa. "Chaque Etat vit avec la menace à ses intérêts, la RDC comme autre pays", fait-il observer. "C'est parce que nous sommes conscients de la nécessité de protéger nos frontières que la Constitution de 2006 a prévu l'organisation des Forces armées de la République démocratique du Congo ", rappelle l'élu de Luiza.
Le leader de l'Envol estime que les idées avancées par certains de ses contemporains politiques rd congolais sur la menace à l'intégrité du territoire et de l'indépendance nationale, serait de nature à semer la peur et le doute au sein de l'opinion.
Pour l'élu de Luiza, le drame que vivent les populations de Beni rappelle aux Congolais, de manière effroyable, la nécessité de "devoir mieux organiser nos forces pour assurer le respect de nos 2 345 409 km² "
HALTE A LA MALADRESSE
Réfléchissant à haute et intelligible voix, Sesanga se demande si la tragédie de l'Est, particulièrement celle que vit Beni, devrait pousser la RD-Congo à faire la déclaration de guerre et l'annexion des pays voisins pour que "la sécurité des biens et des personnes soit restaurée, que l'indépendance nationale soit sauvegardée et la souveraineté du Congo observée"
Il rappelle que si c'est pour montrer que les Rd congolais savent faire la guerre, l'armée congolaise a prouvé sa force au combat à plusieurs reprises lors de deux guerres mondiales. Il cite les épopées de Tabora, Mahenge, Gambela, Assossa, Saïo et même sous Mobutu, au Rwanda.
UNE NOUVELLE GUERRE N'EST PAS LA SOLUTION
Le leader de l'ENVOL est formel. Une nouvelle guerre n'apporterait pas la paix et la stabilité aux populations rd congolaises. En un mot comme en mille, pour Sesanga, "une nouvelle guerre n'est pas la solution".
"La vraie guerre, souligne Delly Sesanga, " il faut la mener contre le manque de cohésion interne, la désorganisation administrative, la corruption, le clientélisme et le népotisme qui ont gangrené l'appareil d'État et affecte son outil de défense. " Au nombre de pistes que l'élu de Luiza propose d'explorer pour sortir le pays de la situation actuelle, c'est entre autres " combattre les fragilités internes".
UNE SUGGESTION MALADROITE
L'autre idée que le leader de l'ENVOL rejette, c'est celle liée à l'organisation d'une conférence internationale sur la partition du pays, émise par le porte-étendard de LAMUKA, Martin Fayulu, dans sa dernière sortie médiatique. Delly Sesanga juge cette proposition "pernicieuse ". " Elle semble même, selon l'élu de Luiza, faire écho à ceux qui demandent la révision des frontières ".
Sesanga est encore à se demander " comment prétendre défendre l'intégrité du territoire et l'indépendance nationale, et en appeler au même moment, à la convocation d'un forum sur la sur la Balkanisation qui serait, dit-il, l'occasion aux larrons de donner une forme préliminaire à une telle revendication ".
"Je ne connais pas d'État confronté à pareil défi qui prendrait l'initiative de parler de sa balkanisation. C'est une idée abominable qui ne devrait pas germer dans la tête des Congolais", tempête-t-il.
S'APPUYER SUR LA CHARTE DES NATIONS UNIES
Pour ce juriste chevronné, " la Charte des Nations Unies et le sacro-saint principe de l'Union Africaine sur le respect de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation, devraient constituer le cadre de défense de l'intégrité territoriale. Pour le reste, il faut renforcer notre outil de défense pour en sauvegarder le maintien ".
Le leader de l'ENVOL rappelle que depuis le début des années 1990, ces principes ont été réaffirmés dans la recherche de solution à la crise de notre pays et de grands lacs. Et, pour Sesanga, " il ne nous revient pas de commencer par pécher en évoquant des principes et forums contraires aux intérêts nationaux. Au demeurant, l'Accord cadre d'Addis Abeba, fournit le cadre où la dimension régionale des conflits des Grands Lacs est traitée…"
L'élu de Luiza appelle donc à cesser de surfer sur la peur et les angoisses des populations congolaises pour avancer des agendas qui nuisent aux intérêts du pays. Lire ci-dessous, l'intégralité de l'adresse de Delly Sesanga à l'occasion de la présentation des vœux de l'an 2020. Didier KEBONGO
MESSAGE DES VŒUX POUR L'ANNEE 2020 Kinshasa, le 18 Janvier 2020
Chers compagnons,
Une année s'est achevée et une autre s'ouvre. Dieu nous a fait !a grâce de nous retrouver ici ce jour pour célébrer l'an 2020, que nous plaçons entre les mains du Très Haut afin qu'il assiste chacun d'entre nous dans les activités et les actions que nous entreprendrons au cours de cette année
Je vous présente, en mon nom propre et celui du parti, les voeux tes meilleurs pour cette nouvelle année 2020. Qu'elle vous apporte à vous personnellement, et à tous ceux qui vous sont chers, santé, prospérité, succès et réussite tant individuelle que collective dans nos différents projets.
Trouvez également ici, la marque de notre reconnaissance à l'endroit de chacun d'entre vous et de nos membres pour le dévouement, dont vous faites preuve dans le pays, au service de nos valeurs, suivant la DECLARATION DES PRINCIPES DE L'ENVOL, notre document de référence, pour que vivent /es idéaux de notre combat ; la liberté, la justice et l'indépendance nationale. C'est à travers ce travail du quotidien que vous maintenez le flambeau de notre parti politique.
Au cours de l'année 2019 qui s'est achevée, plusieurs de nos camarades et des proches nous ont quittés. Certains ont été arrachés à notre affection, au seuil des joutes électorales de décembre 2018. Fauchés dans le combat par la répression, terrassés par la maladie et les souffrances, ils vont nous manquer pour cette nouvelle année et pour la suite de notre lutte.
Aussi en leur mémoire, je vous demande d'observer un instant de silence. Chers compagnons,
2019 a oblitéré définitivement la première année postélectorale. C'est aussi l'année au cour; de laquelle, nous avons défini, après évaluation dans le cadre du Bureau politique élargi tenu à Kinshasa du 11 au 13 juillet 2019, une nouvelle feuille de route jusqu'à la tenue du deuxième Congrès ordinaire prévu pour en 2022.
Outre la restructuration du parti entreprise au niveau national et qui se poursuit au niveau des Provinces et des Fédérations, nous devons poursuivre l'œuvre de sensibilisations aux thèmes politiques majeurs retenus par notre parti politique. Il faudra poursuivre cette action sur toute l'étendue du territoire national Ce qui a été engagé au cours des 6 dernier'; mois de l'année écoulée, doit être sensiblement étendu : structurer le parti, former les cadres, sensibiliser la population et recruter les nouvelles ressources pour les batailles à venir.
Sur le plan politique, nous continuons à porter notre combat sur deux fronts, à savoir ;
1. la révision constitutionnelle et ;
2. la réduction du train de vie de l'Etat.
Concernant la révision constitutionnelle, vous avez eu le courage de lancer suite à une résolution du Bureau politique, le débat sur les améliorations nécessaires à apporter à notre système politique afin de consolider notre démocratie, Je félicite nos députés qui ont porté cette initiative au niveau de l'Assemblée nationale. Je félicite également toutes les Coordinations, Fédérations, les compagnons qui sensibilisent sur la pétition en vue de soutenir la révision constitutionnelle.
Alors que nous avions été l'objet de plusieurs critiques et de suspicions injustifiées, à propos de cette initiative, vous avez courageusement soutenu cette option, contre vents et marées ; et à force de persuasion et de discussion, l'initiative a fini parfaire des émules au sein de toute la classe politique.
L'ENVOL se réjouit de voir qu'aujourd'hui, à la suite du Président de la République, d'autres acteurs politiques nous emboîtent le pas pour soutenir désormais ouvertement l'idée de la révision de la Constitution. Preuve que l'option levée par le Bureau politique du parti était juste. Soyez en fiers et remerciés !
Pouvait-il d'ailleurs en être autrement, 15 ans après le référendum constituant de décembre 2005, 14 ans après la promulgation de la Constitution du 18 février 2006, 15 ans de pratique et de mise en œuvre laborieuse marquée par trois cycles électoraux incomplets de 2006, 2011 et 2018 ?
La rationalité et le bon sens ne pouvaient que conduire à une telle initiative. Vous en avez eu le courage dans un contexte politique toujours difficile. Soyez en félicités !
Vous avez vaincu une bataille ! Vous avez sorti la question de la révision constitutionnelle du maquis de l'antirévisionnisme où elle s'était réfugiée pour protéger la Constitution contre les assauts suspects de certains. Ce combat pour la sauvegarde de la Constitution a été sanglant et a ses martyrs.
Parallèlement, l'usage a démontré aussi que certaines règles de la Constitution ont été dévoyées pour devenir l'instrument détourné des ennemis de la démocratie et de la liberté, qui en ont fait un lieu des perversions aussi obscènes que l'achat des mandats publics.
Le combat en faveur de la révision constitutionnelle n'est pas terminé. Pour triompher dans ce combat de la révision, il faut rappeler trois principes qui doivent nous guider :
1. la révision de la constitution ne doit pas être conduite au service des intérêts partisans d'un camp contre un autre ; seul doit prévaloir l'intérêt général du pays et les valeurs qui sous-tendent la Constitution de 2006 ;
2. la révision de la Constitution doit se faire dans le respect des acquis, qu'il faut se garder de détricoter, et la recherche d'un consensus du pays, de la classe politique, de la société civile et de l'ensemble de la population ;
3. la révision de la Constitution ne doit pas être l'occasion pour ses pourfendeurs de porter les coups de canif pour confisquer la souveraineté du peuple, qui replongeront, à coup sur, le pays dans la crise et aggraver le sinistre qui le frappe ainsi la misère du peuple congolais.
Je suis donc satisfait du débat actuel et dans les prochains jours nous échangerons avec les uns et les autres qui souhaitent former ce front pour la révision de la Constitution. J'en appelle à la vigilance tous azimuts sur cette question cruciale, sans laquelle, il n'y a point de réforme institutionnelle viable dans la perspective des échéances de 2023.
Pour une fois, nous pouvons inverser la loi de régression démocratique en cours depuis 2006. En effet, nous avions plaint les élections de 2006, mais 2011 fut moins bien que 2006, et 2018 bien pire que 2006 et 2011. Pour enrayer cette loi de la régression démocratique, c'est maintenant qu'il faut engager cette révision constitutionnelle pour permettre des reformes en adéquation avec les espérances légitimes pour 2023.
Concernant la réduction du train de vie de l'Etat, l'ENVOL invite l'ensemble de la classe politique à prendre conscience de la démesure du coût de fonctionnement de l'Etat et de l'effet d'éviction qu'il exerce sur l'investissement dans les infrastructures sociales de base : routes, hôpitaux, écoles, Les limites de la décence ont été franchis ! Alors, il me vient spontanément à l'esprit la maxime de Gustave Flaubert, dont notre pays est devenue l'illustration parfaite, je cite, en paraphrasant qu'en République Démocratique du Congo, " les honneurs déshonorent. Le titre dégrade. La fonction abrutit ". Nous devons enrayer cette spirale infernale !
En lieu et place d'une République au service du peuple, hier comme aujourd'hui, les Institutions politiques sont des Instruments de captation du fruit du travail de tous au profit de la minorité qui gouverne et dirige. Et nos provinces ne sont pas épargnées. Cette attitude s'accompagne d'un climat général de gabegie financière, de corruption encouragée, organisée et dépénalisée par ceux qui sont censés la combattre.
Le creusement et l'accroissement des inégalités dans notre pays entre les dirigeants et la population n'a d'égal que l'enrichissement sans cause des dirigeants, et les privilèges du pouvoir. Alors que le statut d'ancien chef de l'Etat était un privilège constitutionnel exceptionnel, qui devrait être mesuré et pondéré, t'abus du pouvoir conduit à créer le statut des anciens membres du gouvernement et autres privilèges par Décret, qui doivent disparaître dans un Etat de droit.
Ceci me permet d'aborder avec vous la thématique celle liée à la menace à l'intégrité du territoire et de l'indépendance nationale, communément appelée " balkanisation".
Je rappelle que c'est parce que nous sommes conscients de la nécessité de protéger nos frontières, le bilan territorial hérité de la colonisation à l'indépendance et la souveraineté nationale, qu'à la suite de la Force publique, de l'Armée nationale congolaise, des Forces armées zaïroises que la Constitution de 2006 a prévue l'organisation des Forces armées de la République démocratique du Congo. C'est dire que chaque Etat vit avec la menace à ses intérêts, la RDC comme tout autre pays n'y échappe guère.
La tragédie du drame de Béni vécu par nos populations nous le rappelle de manière effroyable. C'est un rappel pressant au devoir de mieux organiser nos forces pour assurer le respect de nos 2 345 409 Km2.
Faut-il pour autant une déclaration de guerre et l'annexion des pays voisins pour que la sécurité des biens et des personnes soit restaurée sur toute l'étendue du territoire national, que l'intégrité de notre territoire soit respectée, que l'Indépendance nationale soit sauvegardée et la souveraineté du Congo observée ?
Je voudrais rappeler ce que proclame la DECLARATION DES PRINCIPES DE L'ENVOL à ce sujet, nous avons pris l'engagement à Agir en faveur de la pérennisation de la République démocratique du Congo comme Etat et à sa consolidation comme Nation au cœur de l'Afrique, dans ses frontières héritées de la Colonisation au 30 juin 1960 en réfondant l'Etat et en révalorisant l'autorité publique". C'est le sens de notre engagement pour l'intégrité territoriale de notre pays.
Si c'est une question de montrer que les congolais sont capables de faire la guerre, alors l'histoire nous fournit de nombreux exemples.
Sous la première guerre mondiale, les congolais de la Force publique avaient victorieusement livré les batailles de Tabora et Mahenge, y compris au Rwanda où ils entrèrent. Sous la deuxième guerre mondiale, les mêmes troupes accomplirent victorieusement les campagnes militaires d'Abyssinie (Ethiopie), libérant Gambela, assossa avec l'épopée de Saio, où l'armée italienne fut défaite, contribuant à libérer l'Ethiopie de la brève occupation et à rétablir les autorités légitimes de ce pays. Plus près de nous sous la deuxième République, les FAZ n'avaient-ils pas, sur invitation des autorités du Rwanda de l'époque, contribué à empêcher l'extension de ce conflit interne au Rwanda.
Il faut se garder de donner du congolais l'image qu'il n'a pas d'ardeur pour se battre militairement parce que l'histoire témoigne du contraire et tout le monde le sait ! Qu'est-ce qu'une nouvelle guerre viendrait apporter à la paix et à la stabilité de notre pays ainsi qu'à celle de nos populations ?
Ce n'est pas une solution !
La vraie guerre, comme nous le proclamons dans notre DECLARATION DES PRINCIPES, il faut la mener en interne contre le manque de cohésion interne, la désorganisation administrative, la corruption, le clientélisme, et le népotisme qui ont gangrené l'appareil d'Etat et affecte son outil de défense.
La RD CONGO n'est pas faible des menaces des pays voisins, au demeurant, permanentes, que des fragilités internes que nous devons combattre.
J'entends aussi l'idée d'organiser une conférence internationale sur la balkanisation. Sans connaître l'agenda d'un tel forum, l'idée est en soi pernicieuse. Elle semble même faire écho et droit à ceux qui demandèrent bruyamment la révision des frontières par une sorte de " Conférence de Berlin II ". Comment prétendre défendre l'intégrité du territoire et l'indépendance nationale, et en appeler à la convocation d'un forum sur la balkanisation qui serait l'occasion aux larrons de donner une forme préliminaire à telle revendication. Je ne connais pas d'Etat confronté à pareil défi qui prendrait l'initiative de parler de sa balkanisation dans un forum international. C'est une idée abominable qui ne devrait pas germer dans la tête des congolais.
La Charte des Nations unies et le sacro-saint principe de l'Union Africaine sur le respect de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation devraient constituer le cadre de référence pour la défense de notre intégrité territoriale. Pour le reste, il faut renforcer notre outil de défense pour en sauvegarder le maintien.
Depuis le début des années 1990, ces principes ont été réaffirmés dans la recherche de solution à la crise de notre pays et des grands lacs. Il ne nous revient pas de commencer par pécher en évoquant des principes et forums contraires aux intérêts nationaux. Au demeurant, l'Accord cadre d'Addis Abeba, fournit le cadre où la dimension régionale des conflits du Grands Lacs sont traités, dans les principes que je viens d'évoquer à savoir : la Charte des Nations unies et le respect de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation.
Il faut cesser de surfer sur la peur et les angoisses de notre peuple pour avancer des agendas qui nuisent fondamentalement aux intérêts nationaux.
Un Etat comme le Congo ne peut être dirigé, ni guidé par la peur, la colère comme ressort de l'action publique. Le pays mérite mieux !
Chers compagnons.
Notre combat se poursuit. Demeurons débout, toujours mobilisés et déterminés à aller jusqu'au bout de nos idées dans la consolidation de notre démocratie, la protection de notre héritage sacré le Congo et en vue de la transformation de nos conditions de vie.
Encore une fois, recevez mes vœux les meilleurs pour l'an 2020. Que Dieu nous garde et que vive l'ENVOL.
Je vous remercie
Delly SESANGA HIPUNGU