La porte-parole du président Félix Tshisekedi, Tina Salama, a réagi ce mardi 11 mars à l’annonce de négociations directes entre la République démocratique du Congo (RDC) et le mouvement rebelle du M23, sous médiation angolaise. Tout en prenant acte de cette initiative, elle a rappelé l’attachement de Kinshasa au processus de Nairobi et à la Résolution 2773 des Nations Unies.
Une médiation angolaise sous surveillance
L’annonce de négociations directes entre la RDC et le M23 a été faite à l’issue d’une rencontre entre les présidents Félix Tshisekedi et João Lourenço de l’Angola, tenue à huis clos dans le palais présidentiel angolais. Selon la présidence angolaise, l’Angola, en tant que médiateur dans le conflit qui touche l’Est de la RDC, établira des contacts avec le M23 pour faciliter des négociations directes avec Kinshasa.
Tina Salama a réagi à cette annonce sur le réseau social X, en soulignant que la RDC prenait acte de cette démarche tout en restant prudente. « Nous prenons acte et attendons de voir la mise en œuvre de cette démarche de la médiation angolaise. Nous rappelons par ailleurs qu’il existe un cadre préétabli, qui est le processus de Nairobi, et nous réaffirmons notre attachement à la Résolution 2773 », a-t-elle déclaré.
Le processus de Nairobi reste une priorité
Le processus de Nairobi, initié sous l’égide de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), vise à faciliter le dialogue entre la RDC et les groupes armés, dont le M23. Ce cadre reste une priorité pour Kinshasa, qui insiste sur la nécessité de respecter les mécanismes déjà en place pour résoudre la crise dans l’Est du pays.
La Résolution 2773 des Nations Unies, adoptée en 2023, exige notamment le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais et la cessation des hostilités. Elle constitue un pilier de la position diplomatique de la RDC dans ce conflit.
Un contexte de tensions persistantes
La rébellion du M23, soutenue par le Rwanda selon plusieurs rapports internationaux, a repris ses activités en 2021, semant la désolation dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Les combats ont entraîné des milliers de déplacements de civils, la destruction d’infrastructures essentielles (hôpitaux, écoles) et la paralysie des aéroports de Goma et Bukavu.
Malgré les appels répétés de la communauté internationale à une solution pacifique, le M23 continue de défier les autorités congolaises, exacerbant les tensions régionales. Les négociations directes, bien que potentiellement prometteuses, soulèvent des questions sur la légitimité du M23 et sur les garanties nécessaires pour éviter toute manipulation.
Un sommet crucial de la SADC à l’horizon
Cette annonce intervient à la veille d’un sommet extraordinaire de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), prévu ce jeudi 13 mars. Les dirigeants de la région examineront à nouveau la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC et valideront les recommandations issues de la réunion de la Troïka de l’Organe de coopération en matière de politique, de défense et de sécurité de la SADC, tenue le 6 mars 2025.
Lors de précédentes réunions, la SADC a exigé le retrait des troupes rwandaises du sol congolais et la fin des hostilités. Le sommet de jeudi sera l’occasion pour les pays membres de réaffirmer leur soutien à la RDC et de coordonner leurs efforts pour stabiliser la région.
Une prudence justifiée
La prudence de Kinshasa face à l’initiative angolaise reflète les défis complexes auxquels fait face la RDC. Tout en étant ouvert au dialogue, le gouvernement congolais reste vigilant pour éviter que les négociations ne soient détournées à des fins politiques ou stratégiques.
Dans un contexte marqué par des tensions persistantes et des intérêts régionaux divergents, la réussite de cette initiative dépendra de la transparence, de la bonne foi des parties prenantes et de la coordination avec les autres processus de paix en cours.
En attendant, la RDC reste déterminée à défendre sa souveraineté et à œuvrer pour une paix durable dans l’Est du pays, tout en maintenant son engagement envers les cadres internationaux et régionaux établis.